C’était vague comme question « pourquoi », je pouvais faire mieux. Mais il semblait quand même capable de répondre à mon interrogation. Avec un sourire taquin d’enfant, il me dit simplement que c’était parce qu’il en avait envie. Je trouvais que c’était plutôt une bonne réponse. Il fallait faire ce qu’on avait envie. Mais quand même, se montrer aussi poli et galant, pour ensuite se montrer aussi affectueux envers une inconnue, c’était bizarre quand même non ?

- D’accord… Juste une envie soudaine.

Calmement, je retournais à sa hauteur. Premièrement pour que ça soit plus facile de discuter avec lui sans avoir à élever la voix, et deuxièmement pour éviter de me refaire tremper. Il faisait assez froid comme ça. Puis, il me demanda si ce qu’il avait fait m’avait importunée. Je me répétais la question dans ma tête. Est-ce que ça m’avait importunée ? Non, au contraire, j’avais apprécié. Mais est-ce que ça se disait ça, qu’on avait apprécié ces gestes familiers d’un inconnu ? J’avais décidé d’être honnête ce soir, alors je le serai jusqu’au bout !

- ça ne m’a pas importunée… ça m’a plutôt agréablement surprise.

Ça avait été gentil et tendre. Rien d’insistant ou de mal placé. Ça avait été d’une douceur extrême. Clairement, ça m’avait plu et ça m’avait fait plaisir. Et puis je me décidais à lui rendre la pareille.
Toujours près de lui, je me hissais sur la pointe des pieds pour déposer un furtif baiser sur sa joue. Je souris. Je me remis à marcher devant lui, attendant sa réaction. Moi aussi j’en avais envie, et je l’avais fait. Ça avait été un doux baiser, tout aussi tendre que celui qu’il m’avait offert sur le haut de ma tête.

J’avais fait ce qui sur le coup me semblait acceptable, une bonne idée, je voulais lui démontrer mon affection sans pour autant la brusquée et je fus ravi de constater que cela ne l’avais pas dérangée. Surprise me dit-elle. Agréablement. Je soufflais légèrement, et repris une marche plus mesurée lorsqu’elle me rejoint de nouveau. C’était étrange de voir que pour une fois, sans que j’use de mes pouvoirs, je pouvais me rapprocher d’une inconnue de la sorte. C’était aussi étonnant qu’agréable et j’appréciais grandement ce petit moment. Bientôt nous devrions nous séparer car il fallait bien qu’elle rentre et que moi aussi je m’en aille avant que mon bras droit vienne me chercher de force… La fête était bientôt finie et cela me rendait quelque peu triste. C’est alors que ma comparse nocturne se hissa sur la pointe des pieds et déposa un baiser furtif sur ma joue.

J’en fus également surpris, tellement que pour le coup, je m’étais arrêté là, la regardant avec étonnement puis lui délivrant un petit sourire avant de la rejoindre… Puis, la bousculant gentiment comme un sale gosse, je lui demandais tout sourire… « Que me vaut l’honneur de ce petit bisou ? »

Bon d’accord j’étais peut-être un peu trop heureux de ce simple geste d’affection, mais quoi ? Pour une fois j’étais certain de ne pas l’avoir contrainte en quoi que ce soit, c’était donc sincère. Et ça me faisait plaisir, tout simplement...

Un peu de tendresse dans ce monde de brute. J’aimais les marques d’affection, les caresses, les baisers… Mais j’aimais savoir pourquoi on m’en faisait : par intérêt, par pulsion, par besoin peut-être. Ce n’était qu’une envie pour Absolem. Ça me convenait, il était honnête alors ça m’allait. Surtout qu’il s’était montré tendre, sans être lourd. C’était comme ça, que j’aimais les doux baisers innocents.

Finalement, je fis pareil. Je lui offris un tendre baiser sur la joue avant d’accélérer un peu le pas, jetant tout de même un regard par-dessus mon épaule pour épier sa réaction. J’étais une enfant qui jouait à donner des bisous aux garçons. J’avais l’impression d’avoir sept ans et demi, et de m’amuser à tourmenter ce pauvre garçon. Mais ça n’avait pas l’air de lui déplaire, il revint à ma hauteur. J’étais ravie. Et ça m’avait plaisir de lui faire ce bisou. Il voulut savoir en quel honneur j'avais fait baiser. Levant le regard vers lui, je haussais les épaules.

- « Parce que j’en avais envie… » Le repris-je Et parce que je vous apprécie sincèrement. Je suis attristée de savoir que la soirée va très vite se terminer. En plus le baiser que vous m’avez offert était trop furtif à mon goût…

Là, j’avais peut être été un peu trop honnête. Exprimer ainsi ses sentiments, ce n’était pas toujours une bonne idée, même si j’avais choisi de jouer la carte de la franchise. Tant pis, ce qui était dit était dit. Je ne pouvais pas retourner en arrière.

- Désolée, je ne voulais pas vous mettre mal à l’aise.

Nous nous étions rencontré à tout hasard, et pour une fois le hasard faisait bien les choses, nous permettant à l’un comme à l’autre de découvrir une personne et de l’apprécier en passant seulement quelques instants en sa compagnie. Avec simplicité et honnêteté nous nous étions prêtés au jeu de rencontre mais je ne m’étais à attendu à apprécier autant la jeune louve que j’avais à mes côtés.
Tantôt parlant comme les adultes que nous étions, tantôt agissant comme des enfants, nous étions en train de jouer à un jeu dangereux mais affreusement excitant.

Elle m’avait simplement déposé un baiser sur la joue et pourtant j’avais l’impression d’être le Roi du monde, le temps d’un instant, je sourirais de tout mon soûl, content que l’affection que je commençais à lui porter soit réciproque, lorsqu'elle répondit qu’elle aussi avait agit par envie. Je ris alors un peu lorsque mes pensées et celles d’Anne trouvèrent un écho. Elle était tout autant attristée que la soirée se finisse, mais aussi que mon baiser ait été trop furtif. Je souris à sa franchise, la trouvant d’autant plus intéressante. La franchise avait du bon, même si j’évoluais plutôt dans un monde de masques et de mensonges.

Alors qu’elle s’excusait, je me rapprochais rapidement d’elle puis dans une pulsion plutôt adolescente (oui on grandit), je la pris dans mes bras avant de la faire gentiment tournoyer. Alors, lorsque je la reposais après deux/trois tours, je la collais à moi, lui faisant un petit câlin, caressant son dos. Même si j’avais envie de l’embrasser, je ne le ferai pas, pas tout de suite, profitant de notre étreinte et guettant sa réaction...

Des enfants, nous étions des enfants qui se cherchaient et qui s’amusaient. Je ne savais pas du tout comment cette histoire allait se terminer mais tout ce que je savais, c’était que j’étais contente, ravie. J’aurais aussi aimé que cette soirée dure un peu plus longtemps, juste pour en apprendre un peu plus sur lui, passer encore plus de temps avec lui. Essayer de gratter un peu plus que ce furtif baiser qui m’avait laissée sur ma faim. Je m’étais prise au jeu, et je lui avais moi aussi offert un tendre baiser. C’était innocent, juste un baiser sur la joue avant de partir quasiment en courant, tout en zieutant sa réaction. Il semblait joyeux, lui aussi, amusé par cette agréable situation.

D’un coup, alors que je m’excusais pour mes pensées trop honnêtes, il me prit dans ses bras pour me faire tournoyer. Ça me fit rire, c’était amusant. Doucement, il me fit glisser contre lui et je me retrouvais de nouveau dans ses bras. Sa main caressait doucement mon dos et je me laissais aller contre lui, la tête contre son torse. Il était toujours aussi chaud, réchauffant la peau froide de ma joue.

Mon dieu, mais qu’étais-je entrain de faire ? J’étais entrain de m’attacher à cet homme que je ne verrais sans doute qu’une seule fois dans ma vie… Non, ça ne pouvait pas se finir comme ça… Mais que pouvais-je faire ? Doucement, je relevais le nez, et déposai un autre baiser sur sa joue. Je n’avais pas d’autre idée, et il semblait apprécier ce genre de baiser, doux et innocent.

- J’avoue que je ne sais pas quoi dire… Mais je me sens bien, là.

Notre jeu prenait des allures inespérées et il aurait été dommage d’en rester là pourtant je ne voulais pas entacher la pureté de cet instant. Nous étions deux grands enfants en train de jouer, de s’amuser, nous offrant mutuellement des marques d’affection alors que nous ne nous connaissions que depuis peu et qu’il y avait là, une forte probabilité que nos chemins ne se croisent plus jamais à l’avenir.
Triste réalité qui me rendait alors nostalgique de ces instants de bonheur. Appréciant le doux baiser de la Dame, je lui souris, content de partager cela, puis soupirant de me détachais alors d’Anne.

Glissant une main dans la sienne, je lui souris puis fini par lui proposer « Et si je vous raccompagnais jusqu’à votre navire ? », mon sourire était plus triste, ma voix moins enjouée, je n’avais pas envie de la laisser mais pourtant nous savions tous deux que ce petit moment ne saurait durer… Alors nous prîmes la route du retour, demeurant silencieux, je profitais simplement de sa présence, voulant graver cet instant dans un coin de ma mémoire. Puis lorsque nous arrivèrent à l’endroit de son embarcation, j’eus toutes les peines du monde à me résoudre de la laisser partir.

Je la fis doucement tournoyer telle une danseuse puis lorsqu’elle revint vers moi je lui offrit un petit baise-main. « Ma chère Anne, ce fut un plaisir de passer cette soirée en si bonne compagnie. », puis la reprenant contre moi, je lui fit un dernier câlin, un dernier baiser dans les cheveux. « Prenez soin de vous… », lui dis-je alors, un peu triste de la quitter ainsi.

Blottie contre lui, je lui offrais un autre baiser. C’était mal de s’attacher d’un coup à quelqu’un qu’on rencontrait au hasard, mais il y avait des choses qui ne se contrôlaient pas. Je n’avais pas pu freiner mes doux sentiments pour Absolem, aussi purs soient-ils. Je me sentais bien avec lui, et c’était tout ce que je savais. Sa nature ne me faisait pas peur, au contraire j’avais l’impression que sa dangerosité rejoignait la mienne, et qu’ainsi il pouvait me comprendre.

Doucement, il se détacha de moi. J’aurais aimé crier un « non, ne me lâche pas », mais mes lèvres restaient closes. Je savais que ça finirait comme ça, et il le savait lui aussi. Sa main glissa dans la mienne et mes doigts se refermèrent sur les siens. Il me proposa dans un sourire attristé de me raccompagner au Revenge. Je ne pouvais pas refuser, même si retarder l’heure des adieux ne ferait qu’empirer la chose. Je réfléchissais, est ce que finalement, nos chemins n’auraient pas mieux faits de ne pas se croiser ? Pour nous éviter de nous séparer ainsi. Non, le hasard avait très bien fait les choses, j’étais heureuse de cette rencontre.

Devant mon navire, je ne voulais pas lui lâcher la main. Délicatement, il me fit tourner sur moi-même. Cette fois, ça ne me fit pas rire mais je lui souris quand même. Me ramenant à lui, Absolem me fit un tendre baisemain.

- C’est un plaisir partagé.

Il me reprit dans ses bras et déposa un dernier baiser sur mes cheveux. Je restais contre lui un instant. Jetant un furtif regard vers mon bateau, c’était calme maintenant. J’avais l’impression d’être toute seule avec lui… Seuls au monde. Je relevai le regard vers ce démon qui m’avait charmée. Cette fois, c’était plus fort que moi. Je déposais un tendre baiser sur ses lèvres.

Une merveilleuse soirée prenait fin, il était difficile de laisser la douce jeune femme s’en aller ainsi alors qu’elle lui avait témoigné elle aussi des marques d’affection. Pourtant, luttant contre mon instinct, je devais la laisser rejoindre son équipage. Elle devait rentrer avant que je ne décide de la garder pour moi seul, chose qu’elle n’aurait sans doute pas supporté.
Je lui souris tendrement, profitant pour la reprendre dans mes bras. Un instant qui semblait être une éternité. Profitant pour lui déposer à nouveau un doux baiser dans les cheveux, essayant de mémoriser un maximum de détails sur Anne, sa taille, ses formes, ses caresses, son odeur, sa voix. Tout, car je n’étais pas sûr de le rencontrer de nouveau.

Néanmoins, je me dis que peut-être, si l’envie était trop forte, je partirais à sa recherche, peut-être, si j’en avais le temps, car il n’était pas certain que l’on me laisse à nouveau du répit.

Alors que nous poursuivions notre étreinte, Anne vint déposer un baiser sur mes lèvres. Je fus tout d’abord surpris, mais j’y répondis tendrement. Un doux baiser d’adieu brisant le temps d’un instant le masque solide de démon supérieur mortellement sexy. Comment vouloir la quitter à présent ? Je me détachais alors d’Anne, la regardant droit dans les yeux, un regard, un silence muet pourtant plein de sens. Elle allait me manquer, au moins un peu, jusqu’à ce que j’enferme ce souvenir pour continuer mon chemin.

« Au revoir, douce Annie », lui dis-je avant de la lâcher puis de disparaître dans un écran de fumée magique. Je lui avais même trouvé un surnom, preuve qu’elle aurait toujours une place particulière dans mon coeur, mais là, ce n’était pas le moment, je devais partir au risque de rester pour longtemps...pour toujours ?

Laissant parler mes envies et mes sentiments, je vins poser un délicat baiser sur les lèvres d’Absolem. Ça dépassait la simple envie, j’avais besoin de lui témoigner ce genre d’affection avant que cette soirée ne se termine et qu’il s’en aille. D’abord surpris, il finit par me rendre mon baiser. Ce moment était à nous, et j’en profitais autant que je pouvais. Doucement, il se détacha de moi, j’en profitais pour glisser dans sa poche l’une des mes bagues. Je ne voulais pas briser ce  moment en ouvrant la bouche pour dire quoi que ce soit. C’était un anneau avec un saphir aussi bleu que les océans, ainsi se souviendrait-il peut être de la jeune femme qu’il avait rencontrée qui parcourait les mers pendant qu’il traitait ses affaires ?
Moi, j'avais sa cape pour me rappeler de cette soirée, pour avoir la preuve que ce n'était pas un rêve.

Nous nous regardions dans les yeux pendant un instant qui semblait durer une éternité… Non, je n’avais pas envie qu’il parte, j’avais envie qu’il reste ici. Mais comment éviter l’inévitable ? Comment faire autrement ? Nos chemins n’allaient pas au même endroit, je voulais partir au large, suivre la liberté. Lui avait ce chemin à suivre dans ses affaires. Les voies maritimes me ramèneraient peut-être à lui un jour ? En voyageant, je pouvais peut-être retomber sur lui, par hasard, comme aujourd’hui ? Le monde était si vaste que ça me semblait impossible…

Doucement, il me dit au revoir. Je n’eus pas le temps de le retenir un instant de plus. Il avait disparu dans un nuage de fumée. C’était définitif, je détestais la magie… Il ne pouvait pas partir comme ça, je n’avais même pas eu le temps de lui dire au revoir à mon tour. « Au revoir », ce n’était pas des adieux donc ?

Je me rassis là où j’étais quand nous nous étions rencontrés et réfléchis à ses adieux, qui peut-être n’en étaient pas. J’allais repartir à l’aventure, mais dans quel but ? Celui de retrouver la personne qui avait fait tuer mon William, ou celui de retrouver Absolem ?

J’étais parti, ne lui laissant pas le temps de me dire « au revoir », de peur peut-être qu’elle me dise « adieu » ? Non, c’était trop dur, j’aurai voulu rester mais cela n’était pas au programme. Cette rencontre n’était pas prévue ! Tout cela me rendait un peu fou, moi qui aimait tout contrôler, tout planifier, là, ce jeu échappait à mon contrôle.
Je soupirais, rejoignant Nathanaël qui semblait jauger mon humeur et je crois bien qu’il avait raison. J’étais à la fois triste d’avoir dû quitter la chaleureuse étreinte de ma pirate, mais également en colère d’avoir pris cette décision. Peut-être n’aurions nous pas dû nous rencontrer ? Non, malgré tout, j’étais pour le destin des rencontres. Si nous nous étions rencontrés à cet instant, il devait y avoir une raison.

Mon bras droit me suivait du regard tandis que je retournais dans mon bureau, renfermant la porte derrière moi j’avais besoin d’être seul, de penser à tout cela. Je lançais alors ma veste sur la chaise lorsque j’entendis un petit bruit inhabituel. Regardant alors ma veste au début je pensais que c’était peut-être les boutons, lorsque je découvris un bijou qui, assurément n’était pas le miens.

Un anneau avec un saphir, son bleu rappelait les océans, ma louve pirate qui avait du glisser cela dans mes affaires… Je souris en faisant tournoyer l’anneau avant de le le placer à ma main droite à mon index. Me posant sur le bureau, je regardais le bijou, le sourire aux lèvres, retrouvant un peu le moral. Un jour, peut-être nous nous retrouverons...et ce jour là...tout serait possible...