De se calmer et de... Patienter ? Il s’était retenu quelques secondes avant de répliquer à cette réponse idiote de la méchante reine. Le “roi” vint interrompre ses pensées. Te répondre serait te donner une importance que tu n’as pas Tracassin. Il ricana, ils s’étaient donné le mot pour répondre des choses absurdes ? Tu prends pourtant le temps de me répondre, l’archer. Quoique tu penses cette importance tu me la donnes d’une façon ou d’une autre. Tu ne devrais même pas être ici… Il feinta un air étonné et choqué. Pardon ?! Je ne devrais pas être ici ? C’est comme ça donc que recommencent les bals et réceptions pailletées de ce château ? Je croyais que tout le monde était invité... Voilà qui est bien décevant. Derrière tous ces artifices, il y aurait toujours de la rancœur et des jugements, tout ça n’était qu’une façade, comme ça l’a toujours été. Il lança un dernier regard à Regina et se rendit compte qu’elle portait son attention sur quelqu’un d’autre. Le ténébreux se retourna, curieux.

Un homme, qui ne rappelait pour l’instant rien au crocodile s’avançait vers ce dernier d’un pas visiblement décidé. Le mage le défiait du regard, peu importe ce qui pouvait amener cet homme il était prêt à le recevoir. Cette histoire à venir le ferait “patienter” après tout. Dans ce genre de moment, Rumplestiltskin pouvait se focaliser sur une seule et même chose surtout lorsqu’un contrat semblait s’annoncer. Cette démarche sentait la signature prochaine à plein nez et ça le remplissait de joie. Pourtant quelque chose, ou plutôt quelqu’un, perturba la scène qui se jouait actuellement.

Rumple ? Le temps s’arrêta... Cette voix, il la reconnaîtrait entre mille. Belle... Il se tourna directement vers elle. Belle ? Son cœur rata un battement à sa vue. Il ne se fit pas prier pour s’avancer et la prendre dans ses bras. Peu importe le passé, peu importe les actions, il ne pouvait s’empêcher de réagir de cette manière. Il se recula d’un pas pour la regarder plus en détail, mais les mots lui manquaient. Où... Il fut stoppé dans sa phrase par celui qu’il avait déjà si vite oublié.  

Rumplestiltskin, je suis le Prince Eric. Il l’écoutait se présenter, à moitié. Prince, époux d’Ariel... Tout ça était intéressant, mais tombait bien mal, malheureusement. Peu importe qui tu es. Un contrat ne s’annule pas très cher. Lorsque tu signes, tu honores ta part du marché, c’est comme ça. Il le regardait intensément, un sourire en coin. Pensait-il vraiment que par une présentation en grande pompe le rat serait impressionné, se terrerait dans son trou, laissant son dû de côté ? Impossible, il était forcément plus malin que ça. Il regarda par-dessus son épaule. J'aime me dire que ta présence indique que ta princesse t’a sûrement accompagné. Évidemment, qui pouvait prédire la présence de Rumple dans un événement tel que celui-ci. Persuadés d’être à l’abri dans leurs forteresses rutilantes, les anges peuvent très vite se brûler les ailes en oubliant que le diable rode toujours. Qu’elle n’aille pas loin, d’accord ? Elle ne le pourrait pas de toute façon. À présent, même si tu ne sembles pas l’avoir remarqué, tu tombes mal, prince... Il tapota l’épaule d’Eric et focalisa à nouveau son regard sur Belle. Où en étions-nous ?  

La diplomatie n’était pas le fort de Robin, et la réponse qu’il asséna au Ténébreux ne parut pas convenir à ce dernier. Regina roula des yeux face à Rumplestiltskin qui semblait d’humeur taquine

- Si tu cherches à semer le trouble. Ta présence n’est pas souhaitée SI tu cherches à semer le trouble. Cette soirée est là pour permettre à tout le monde de se retrouver et de passer un bon moment. Toi, à peine arrivé, tu me rabroues pour quelque chose survenu voilà plus de trente ans. A ce compte-là, moi aussi j’aurais des choses à te reprocher. Mais je ne le fais pas. Repartons sur de bonnes bases, veux-tu ?

Leur ami Eric arriva, et Regina savait ce qu’il voulait au Tracassin. Elle s’en doutait su moins, elle aussi était mère et elle aussi, s’il avait été question de l’un de ses enfants, aurait tout fait pour faire annuler le contrat. Melody était de surcroît sa filleule, aussi comptait-elle rester présente durant la discussion du prince avec le crocodile. Heureusement, Richard décida de partir, ce qui la rassura. Elle glissa sa main dans celle de Robin et écouta a conversation. Et soudain, apparaissant telle une lumière divine salvatrice, Belle arriva. La reine sentit un soupir de soulagement s’échapper de sa bouche tandis que le couple se retrouvait. Rumplestiltskin lui-même demanda à Eric de les laisser. A son tour, Regina lança un regard à son ami. Il avait là un sursis, qu’il en profite. Elle se tourna vers Robin.

- Allons remercier Jefferson et Clochette.

A croire que la fée verte l’avait entendue, elle présenta son idée de concours culinaire. Une idée qui fit sourire Regina. Clochette avait toujours de la ressource pour occuper une soirée. Main dans la main avec son mari, elle se dirigea vers le chapelier.

- Bonsoir Jefferson. Je tenais à te féliciter, tu as fait un travail remarquable. J’espère que tu n’as pas été trop débordé ?

Ils discutèrent quelques instants, puis tous les participants avaient finalement terminé leurs préparations. Regina se dirigea vers la table pour apporter son vote, et fut agréablement surprise de voir que son fils avait participé, tout comme son amie la fée. Tout ce qui était présent était magnifique.

- Il faudrait que je travaille davantage avec du chocolat, qu’en dis-tu ? demanda-t-elle à Robin.

Elle déposa ses votes dans l’urne et laissa faire son mari avant d’aller saluer la fée

- Clochette, tu t’es surpassée ! La soirée est magnifique. Es-tu contente de toi ? Car moi, je suis on-ne-peut plus fière de toi.

Regina aperçut alors les Charmant et leur fit un petit signe de la main, espérant qu’ils viendraient les rejoindre.

Cela eût été trop beau que tout se passe sans encombre. Et pourtant, mieux que quiconque Robin savait qu’une accalmie ne pouvait se résoudre à perdurer. Ainsi, voir paraître le Ténébreux, ne le laissa point de marbre, si bien qu’il dérogeait à son devoir de monarque en omettant la diplomatie. Mais comment pouvait-il se résoudre à demeurer diplomate face à un être qui ne s’était point privé de le torturer pour le vol d’une « simple » baguette ? Par chance, Regina faisait montre d’un peu plus de neutralité dans sa stature ; assez pour que son époux s’en inspire et refrène ses ardeurs. Il fallait ignorer cet invité indésirable autant que faire ce peu. Par chance, l’arrivée de Belle marqua la fin des hostilités, du moins pour Robin et Regina qui, sous l’impulsion de la reine, s’éloignèrent pour rejoindre Jefferson et Clochette afin de mieux les congratuler pour tout le travail fourni. Malgré tout, l’archer restait sur ses gardes, c’était plus fort que lui. Ainsi, alors qu’ils s’approchaient de leurs interlocuteurs, l’ancien voleur laissait son regard se perdre sur l’ensemble de la salle.

Clochette était enjouée comme toujours et pourvue d’une imagination débordante qui faisait plaisir à voir. Elle venait d’ailleurs de lancer les hostilités en présentant son idée de concours culinaire. Robin ne put s’empêcher d’esquisser un semblant de sourire, se demandant si sa femme allait participer à cette activité qu’elle maitrisait à merveille à Storybrooke. Mais avant toute chose, il fallait remercier le chapelier qui avait eu fort à faire pour habiller les têtes de tout à chacun ce soir. — Je me joins à Regina pour vous féliciter. Je ne suis pas très couvre-chef, mais je dois bien vous reconnaître un certain talent.  Et il le pensait sinon quoi il n’aurait très certainement pas été aussi affable en compliments.

Le concours commença, mettant en exergue les participants. Robin, tout comme Regina, fut surpris de voir Richard concourir, mais préféra ne faire montre d’aucune exaltation pour ne pas mettre son fils mal à l’aise. Cependant, il s’approcha discrètement de sa femme pour venir lui murmurer à l’oreille. — J’espère que Richard a hérité de tes talents culinaires.  Les votants se dirigèrent ensuite vers la table des votes et prirent le temps d’observer les réalisations de tous les candidats tout en échangeant de-ci de-là. — Je dois reconnaître que tout ce chocolat donne envie. Peut-être devrais-tu délaisser les pommes au profit du chocolat lorsque tu feras une tarte très chère.  Il l’affubla d’un clin d’œil avant d’aller récupérer de quoi voter.

Belle ne sait plus où donner de la tête. Finalement, les habitudes dont on pense qu’elles ont la vie dure ne le sont peut-être pas autant. Entre la foule, le concours de chocolat et se retrouver devant Rumple, elle se sent tiraillée. Pourtant, c’est son corps qui fait un choix pour elle en se stoppant face à celui dont elle désespérait le retour. Voilà bien longtemps qu’ils se sont retrouvés séparés. New York, et puis ces derniers jours passés dans leur monde d’origine. Aussi son cœur se retrouve-t-il à battre de nouveau. Ses poumons semblent pouvoir à nouveau s’oxygéner correctement à mesure qu’il s’approche d’elle pour la serrer contre lui. Sa chaleur, son odeur. Tout lui semble à nouveau si familier. Ses bras s’enroulent autour de lui, lui rendant son étreinte. Son front contre son épaule, un sourire vient ourler ses lippes carminées. Mais les retrouvailles sont de faibles durées car un dénommé Eric les interrompt afin de réclamer une annulation de contrat. Se détachant de Rumple, Belle fronce légèrement ses sourcils avant de lever ses ciels vers l’origine du pacte. Son ton est catégorique, et lorsque la jeune femme porte à nouveau son attention sur Eric, elle ne peut s’empêcher de remarquer à quel point celui-ci a pris son courage à deux mains pour venir lui faire cette demande. Pour protéger son enfant. Une légère vague de déception parcourt la joliesse, telle une douche froide. Ce n’est pas la première fois que Rumple réclame un enfant à la signature d’un contrat. Il y a eu ce bébé qu’il désirait offrir à la Fée Noire. Qu’en est-il de cette enfant que le Prince Eric souhaite ardemment protéger ? Quels sont les desseins qu’il lui réserve ? Toutes ses questions font leur chemin dans l’esprit de Belle. Cela ne cessera-t-il donc jamais ? Alors que Rumple congédie ce père de famille, l’envoyant presque dans ses pénates, Belle relève ses cérulées sur lui.

— Qu’est-ce que c’est que cette histoire de pacte ? demande-t-elle soudainement, plus nullement préoccupée par leurs retrouvailles bien loin de celles qu’elle aurait pu imaginer…

Pourtant, l’imagination de Belle est grande. Immense. Elle a l’impression qu’après avoir fait tant de pas en avant avec lui, d’en refaire tout autant en arrière. La joliesse n’a jamais caché son aversion pour la magie. Grand fléau pour celui qui s’en sert pour faire régner le mal et la terreur… Bien sûr, en cas de problème, un petit tour de magie est toujours le bienvenu, mais pour le reste… On rêve de mieux en termes de retrouvailles que d’apprendre qu’un énième pacte est en cours. Et malgré sa joie de  retrouver Rumple, elle ne peut pas passer à côté de ce détail, ni même passé outre le regard d’Eric qui exprime, pour qui sait regarder, la crainte de se voir arracher un être cher à tout instant.

Alors que la soirée suit son cours, dehors le temps semble tourner à l'orage. Dans le ciel des éclairs se distinguent et le tonnerre gronde. Voilà qui n'est pas de bon augure pour la suite ! Pris par ma dégustation de sucreries et de biscuits et par ma contemplation du ciel nocturne au dehors, j'entends à peine ma fille adorée se rapprocher de moi. Quand je me retourne, elle est déjà face à moi l'air terriblement tendu. Elle la contient, mais la colère est palpable dans sa posture et sa voix et l'air tout autour de nous devient soudainement plus tempétueux ! Je l'écoute avec attention mes biscuits dans une main et mon verre dans l'autre.

Elle est assez intelligente pour avoir remarquer que je l'évitais. Je me doute bien que je n'obtiendrais pas son pardon avant que tous les océans du mondes ne soient asséchés... A ce stade, je ne sais pas quoi faire pour arranger les choses entre nous. Il est évident qu'une rencontre ce soir entre nous n'est pas forcément la meilleure des choses mais puisqu'elle est là, autant être franc. "Sache que mon intention n'était pas de te fâcher. Au contraire, j'ai bien compris lors de notre rencontre à New-York que tu avais besoin de ton espace. Que le pardon devait être une réflexion pour toi et que cela serait surement long. Ayant déjà fait un pas vers toi peu fructueux ce jour là à l'aquarium, je ne souhaitais pas envenimer d'avantage notre relation en me montrant trop pressant. Me disputer avec toi lors de ce bal est la chose que je ne voulais surtout pas voir arriver. Ce bal est censé être un moment convivial pour tous. Regarde toi, à peine tu me vois tu es déjà en furie et tu peine à contenir ta colère. Mais si tu souhaite un moment agréable entre père et fille, je serais ravi de danser avec toi. Je te promet de ne pas t'écraser les pieds. Mais pour l'heure, il me semble que tu dois cuisiner une spécialité à base de chocolat. J'ignorais que tu avais ce genre de talents. Mais il faut dire que cela fait longtemps qu'on ne s'était pas vue." Je lui souris avec tendresse espérant qu'elle pourra pour une soirée ravaler sa rancœur envers moi. J'ai de gros doutes, mais je garde l'espoir que peut-être pour une fois les choses pourraient bien se passer.

La réponse de Merida concernant son habitude des bals me fit sourire. Elle, c’était pour des raisons différentes, mais elle semblait aussi peu à l’aise que moi à l’idée de danser en public. Encore, pour ma part, j’avais mon expérience de patineuse à New York, mais ce n’était pas du tout la même chose qu’un bal dans nos royaumes. En tout cas, j’étais quelque part heureuse de constater que nous nous ressemblions même sur cela.

Les événements s’enchaînèrent, ma précieuse Anna était là, toujours pleine de joie de vivre. Une fois le concours de chocolat passé, du moins nos participations, je ressentis le besoin de parler à coeur ouvert avec Mery. Etait-ce tout cet hydromel que j’avais ingurgité qui me donnait du courage ? Je n’en avais pas la moindre idée, mais je voulais en avoir le coeur net. J’étais certaine maintenant que j’éprouvais des sentiments sérieux pour la reine de DunBroch, ce n’était pas seulement mon alter ego de New York, la timide patineuse qui s’était entichée de la cochère de Central Park. Non, j’en étais sure maintenant et j’avais cette sensation désagréable que je ne pourrais plus respirer une bouffée d’air de plus tant que je ne lui avais pas révélé l’ampleur de mes sentiments, et ce malgré la peur qui me tiraillait. Je dus, pour cela, chasser Anna. Je détestais être séparée de ma sœur et nous ne l’avions que trop été, mais cette conversation ne la concernait nullement, et en plus le prince Richard la cherchait. Ma cadette avait compris et avait accepté de s’éloigner. Je l’en gratifiai d’un sourire tendre avant de reporter mon attention sur ma belle rouquine.

Prenant ses mains dans les miennes, je l’entraînais auprès d’une fenêtre, pour que nous ne soyons pas dans le passage et surtout pour être un peu plus tranquilles. Elle remarqua mon air sérieux et mon coeur se mit à battre plus vite et plus fort. Je n’étais pas très à l’aise, il fallait le reconnaître.

- Oui… c’est euh… que ce que j’ai à te dire est très important pour moi…

Je me raclai la gorge, essayant de reprendre contenance. J’étais une reine après tout, mais je ne voulais pas m’adresser à Merida comme à l’un de mes sujets ou à une personne à caractère officiel. Non, je voulais lui parler comme à une amie, comme à… bien plus qu’une amie.

- J’ai vraiment hâte d’entendre ce que tu as à me dire, mais puisque je dois commencer, alors j’y vais… D’ordinaire, j’aurais tout préparé, et d’ailleurs j’ai essayé, comme pour faire un discours, de mettre en ordre mes mots, mais je me suis rendue à la conclusion que je n’y parvenais pas, alors je te demande pardon d’avance si mon discours te semble confus. Je le suis moi-même à vrai dire. Et si je suis confuse, c’est parce qu’être avec toi me rend confuse. Parce que depuis que je te connais, ma perception des choses a changé. Depuis que je te connais, je me sens différente, je découvre des sensations que je n’avais jamais connues. Quand je suis avec toi, je me sens à ma place et ce peu importe où nous sommes. Ce que j’essaie de te dire, c’est que tu as une place prépondérante dans mon coeur, tu comptes énormément, tu … Je… Je voulais simplement te dire que… en fait, voilà, j’ai des sentiments pour toi, des sentiments forts, plus qu’une simple amitié, parce que tout simplement je ne me vois pas passer ne serait-ce que cinq minutes loin de toi. Je t’aime Merida.

Par tous les dieux, c’était sorti ! Je venais de lui dire que je l’aimais. Mon coeur battait si fort et si vite que j’en avais la tête qui tournait. Mes yeux brillaient de larmes prêtes à dévaler mes joues. J’avais si peur de sa réaction, mais dans tous les cas, je ne pouvais plus rester plus longtemps en dissimulant cette vérité qui ne demandait qu’à sortir. Rien d’autre ne comptait à présent hormis Merida et sa réponse. Je me doutais qu’elle risquait fortement de m’éconduire et me dire que je n’étais qu’une amie à ses yeux. J’en aurais le coeur brisé mais au moins, la vérité aurait été dite. Si c’était là sa réponse, je ne savais pas encore ce que je ferais. Sans doute irais-je me terrer à Arendelle en attendant quelques décennies que mon chagrin finisse par s’estomper...

Merida et Elsa s’écartèrent du passage et se trouvèrent un endroit peu bruyant et à l’abri des oreilles indiscrètes. La conversation qu’elles allaient avoir, qu’elles devaient avoir ne regardait personne d’autre qu’elles deux. Même Anna, la sœur cadette de la reine d’Arendelle n’était pas conviée.
Des milliers de questions se bousculaient dans la tête de la rouquine. Elle passait également par toutes les couleurs de l’arc-en-ciel et par tous les sentiments. Que souhaitait tant lui dire Elsa ? Etait-elle prête à tout entendre ? Quelle serait sa réaction si la jolie blonde ne l’aimait pas comme elle l’aimait ? Et si c’était l’inverse ?

Merida, en bonne reine, reprit contenance en face de son amie. Mais son cœur battait à tout rompre, elle ne voulait pas lâcher les mains qu’elle tenait précieusement dans les siennes. C’était peut-être la dernière fois qu’elles allaient se trouver aussi proches l’une de l’autre.
Comment réagir si ce que lui disait Elsa ne lui faisait pas plaisir ? La reine de DunBroch ne voyait qu’une possibilité : s’enfuir avec son arc dans la forêt et vivre recluse, loin de tout humain pouvant un jour la blesser et lui briser le cœur une nouvelle fois.

Mais, avant d’imaginer le pire, la rouquine se concentra sur ce qu’était en train de lui dire la belle Elsa. L’exercice fut plus dur que jamais, elle voyait ces deux grands yeux bleus fixés sur elle, elle pouvait se noyer dedans, elle voulait se noyer dedans.
Elsa avait du mal à trouver les bons mots pour exprimer ce qu’elle tenait tant à lui révéler. Etait-ce un bon ou un mauvais présage ? Sceptique comme elle était, l’archère imaginait déjà le pire et les propos de son interlocutrice ne l’aidaient pas pour le moment à se sentir mieux.

Puis, la lumière se fit au bout du tunnel. Merida s’illumina un peu plus à chaque mot prononcé par Elsa. Cette dernière tenait beaucoup à elle, se sentait bien et à sa place en sa présence, avait même des sentiments forts pour elle. Serait-ce possible ?
La jolie blonde finit par dire les trois mots, les sept lettres que la rouquine désespérait entendre un jour. Les mots qu’elle voulait elle-aussi lui dire. De façon complètement impulsive et faisant abstraction de tout ce qui se passait autour d’elle, Merida lâcha les mains qu’elle tenait toujours jusque-là, attrapa le visage au beaux yeux bleus et embrassa tendrement son amie.

« Je t’aime aussi, Elsa. C’est ce que je voulais te dire aussi. Je t’aime depuis le jour où je t’ai vu patiner pour la première fois. Mes sentiments envers toi n’ont pas cessé de grandir, j’ai détesté chaque minute passée loin de toi. C’est pour cela que j’ai aidé ta sœur à te retrouver, je voulais moi-aussi te retrouver et te dire tout ça. »

Elle l’embrassa à nouveau comme si elle voulait rattraper le temps perdu à se questionner, comme pour vérifier qu’elle ne rêvait pas mais que c’était bien la réalité. Le ciel pouvait s’effondrer, Merida était heureuse comme jamais elle ne l’avait été.

Me retrouver face au crocodile m'angoisse un peu. J'ai tellement peur pour ma femme et ma fille... Je regrette d'être venu... Je ne pensais pas qu'il serait invité ou qu'il serait au courant de cette soirée... Melody est bien trop proche de lui... Il pourrait nous la retirer tellement facilement même si nous sommes entourés d'amis... C'est pour cela que je préfère aller le voir directement... Je veux prendre les devants et essayer de négocier avec lui. Il le faut... Il ne peut pas nous enlever notre enfant...

Mais quelqu'un vient nous interrompre. Il ne m'écoute même pas... Subjugué par la personne qui parle. Belle... Je comprends mieux. Il refuse alors de m'annuler le contrat d'Ariel... Et ce sourire... J'aimerais lui faire ravaler...

- Il doit bien y avoir un moyen de négocier...

Il a compris que ma fille est ici... Nous n'aurions jamais du venir... Elle est en danger... Mon cœur bat bien plus vite. Et il ose me dire qu'elle ne doit pas s'éloigner... Mais bien sur... Et il me congédie... Sérieusement ?

- On n'en a pas fini Crocodile...

Mais il a raison, la discussion est terminée. Je ne peux rien faire face à Belle... Et c'est peut être l'occasion de cacher ma fille... De la mettre encore une fois à l'abris... Je lui jette un regard noir et pars rapidement. Je me mets à chercher Ariel et notre fille. Je ne sais pas où elles sont allées... Je me retrouve alors face à des plats faits par des gens... Et je vois les poissons... Melody... Il ne peut s'agir que d'elle... Elle a fait ceci... Ma merveille a cuisiné... Malgré l'urgence de l'instant je ne peux m'empêcher de voter pour elle en souriant et je file à nouveau à sa recherche et enfin je les retrouve... Elles sont dans la salle... Bien trop proche de Rumple. J'enlace ma fille et la soulève dans mes bras pour m'éloigner de quelques pas.

- Ariel... La puce et moi on va retourner dans nos appartements... Nous allons préparer nos affaires. Je crois qu'il est temps de retourner dans notre royaume. J'ai vu un crocodile...

Je regarde dans la direction de Belle et de cet homme que je hais... J'espère qu'il ne nous a pas repéré... Et j'espère qu'Ariel comprendra... Nous devons partir... Nous n'avons plus le choix... Je dois l'emmener loin... Mais je veux renégocier le contrat... Je suis paumé... Ou alors...

- Non au final tu ferais mieux de l'y accompagner, tu es plus douée que moi pour faire les bagages... Et j'ai encore quelque chose à faire. Je vous rejoindrais...

Je dépose Melody à terre et enlace ma femme. Elles doivent partir immédiatement... Elle pourrait ouvrir un portail pour rejoindre notre royaume... Elle n'y sera pas vraiment en sécurité mais cela sera un début... Et cela me fera gagner un peu de temps.

Melody n’avait rien perçu du trouble qui avait frappé son père et moi lors de l’arrivée du Ténébreux. L’innocence des enfants était si belle. J’avais profité du concours proposé et de l‘enthousiasme de ma fille pour l’éloigner de la salle de bal un petit moment. Ce petit aparté me permit de me recentrer, et voir ma fille si heureuse de travailler du chocolat me fit plaisir. J’en avais profité pour parler brièvement à Ursula. Puis, il nous fallut revenir dans la salle de bal où la fête battait son plein. Le coeur battant, je cherchais mon mari du regard tout en surveillant Melody qui s’amusait comme une folle.
Finalement, Eric nous rejoignit. Aussitôt, notre fille se jeta dans ses bras, réclamant une danse qu’il lui avait promise. Mais voilà que mon prince voulut retourner dans nos appartements pour préparer nos bagages. Je ne comprenais rien, tout allait trop vite pour moi et la tête me tournait presque en ressentant l’angoisse de mon mari.

«  Mais papa, on n’a pas encore dansé ! » s’offusqua Melody en entendant tout ça. « Et pourquoi on s’en va ? J’aime bien être ici pour jouer avec Grace et manger des chaussons aux pommes de tante Regina ! »

Eric changea d’avis, il voulait que je prépare les bagages finalement. Qu’avait-il encore en tête ?

- Attends, chéri, je t’en prie, prenons le temps de la réflexion…

Je ne voulais pas partir sur un coup de tête, d’autant que dans notre royaume, dans le château d’Eric, nous n’avions aucune protection magique contre le Crocodile. Ici au moins, nous avions la présence de Regina, et même… d’Ursula. Je songeai soudain à retourner sous la mer avec ma fille, mais Eric ? Je ne voulais pas l’abandonner.

- Je t’en prie mon amour, calme-toi… glissai-je à l’oreille de mon mari.

Melody commençait à ressentir nos stress et je lisais l’inquiétude dans son regard.

- Et si tu allais demander son avis à Robin ? Il avait été de bon conseil pour t’aider la première fois. Je suis sure qu’il te dira comme moi.

Je me disais aussi que le crocodile ne tenterait rien ici, dans cette salle de bal avec tout ce monde. Je l’espérais quand même, d’autant que visiblement, sa chère et tendre était là. J’aurais aimé que Blanche ou Regina soient avec nous en ce moment pour parler calmement. Elles avaient l’habitude des situations de crise. Je cherchai mes amies du regard et j’aperçus Blanche et le prince David.

Ma nièce a essayé de me parler durant la préparation de nos œuvres chocolatées. Elle a disparu de la cuisine avant que je puisse lui répondre. Du peu qu’elle m’a dit, j’ai compris qu’elle s’était faite avoir en beauté par le crocodile il y a quelques années de cela.
Il faut croire que les mises en garde de son père concernant mes pactes ne lui ont pas mis la puce à l’oreille quand elle a croisé la route du Ténébreux. Je suis douée pour passer des marchés, mais il faut avouer que ce dernier est un maître en la matière.

Je me promets d’aller voir mon petit poisson et d’avoir une discussion sur le sujet avec elle. Je voulais qu’ils changent d’avis sur moi, qu’elle m’accepte dans sa vie et mon entrée quelque peu remarquée n’allait pas me donner des bons points.
Mais d’abord, je dois m’occuper d’un autre problème épineux : mon père. Comme je me doutais et chose qu’il m’a confirmé, il m’évite depuis le début de la soirée. C’est tellement lui ça ! Tellement Olympien de ne pas assumer sa part de responsabilité, mais plutôt de la faire peser sur les autres.

« Dire bonjour à quelqu’un n’a jamais tué personne et n’a jamais été considéré comme une intrusion dans la vie de quelqu’un. Cela s’appelle la politesse et tu devrais t’en souvenir à l’avenir si tu veux qu’un jour je revienne un peu vers toi.
Quand à ma colère, je préfère la déchaîner sur des personnes qui en valent la peine. Pour le moment, ce n’est pas ton cas. Et ce n’est pas en me faisant culpabiliser que tu remonteras dans mon estime. »

Je prends une profonde inspiration et arrive à me contrôler. La tempête qui menaçait il y a encore quelques minutes à l’extérieur se calme comme par enchantement. Derniers mots pour mon géniteur avant d’aller voir un autre membre de ma famille.

« Comme tu l’as si bien dit, cela fait longtemps que nous ne nous sommes pas vus. J’ai acquis de nombreux savoirs au fil de ces années comme la cuisine et la danse. Mais concernant ce dernier talent, il est hors de question que je l'utilise avec toi. »

Je tourne le dos et pars à l’opposé de mon père. Oui, je suis toujours en colère contre lui et son comportement, au lieu de la calmer, ne fait que l’exacerber. Il faut que j’arrête de perdre du temps et de l’énergie pour quelqu’un qui ne veut pas changer.
Je retrouve ma nièce à écailles avec sa fille dans un coin de la salle. La petite crevette a l’air toute perdue et l’expression sur le visage de sa mère ne va pas l’aider à comprendre la situation. Je me mets à la hauteur de la progéniture de ma nièce.

« Bonsoir, je m’appelle Ursula, je suis une tante de ta maman. Tu es très en beauté ce soir, tiens, prends ce bracelet, il ira très bien avec ta tenue. Dis, je crois que ta maman a besoin d’un grand verre d’eau. Tu peux aller en chercher un pour elle ? »

Et la petite s’exécute sans rechigner. Je tourne mon regard vers Ariel pour voir qu’elle ne peut s’empêcher de suivre sa fille du regard.

« Le bracelet que je lui ai mis est une protection. Si quelqu’un qui n’est pas de sa famille pose la main sur elle, je le saurai immédiatement et j’interviendrai si nécessaire.
Car il s’agit bien de cela, n’est-ce pas très chère ? Tu as promis au Ténébreux ton enfant quand tu as signé un pacte avec lui. Je me trompe ? Sache que rompre un marché avec lui est quasiment impossible, j’en ai peur.
Ou sinon, il faut que tu sois prête à lui donner quelque choses qui aurait plus de valeur à ses yeux que ta fille. Beaucoup de personnes l’ont cherché mais en vain. Tu devrais peut-être voir tout cela en tête-à-tête avec la belle qui dansait avec lui tout à l’heure, entre femmes, vous devriez vous comprendre. »