Ces héros. Toujours là à mettre le nez dans ce qui ne les regarde pas. Voilà que les hôtes de l’événement s’étaient rapprochés, pensant changer quoi que ce soit au cours de la discussion en agissant de la sorte. Pensaient-ils que le mage noir modifierait son comportement en voyant que des oreilles non concernées commençaient à s’approcher ? Certainement pas... Cet enfant, il en a eu besoin, ses visions du futur et l’une de ses quêtes les plus profondes lui avaient indiqué de s’en emparer. Comme la méchante reine l’a si bien dit plus tôt, de l’eau à couler sous les ponts depuis et cet enfant n’avait maintenant plus vraiment... D’utilité ? En tout cas actuellement. Lorsque le besoin se ferait ressentir à nouveau Rumple trouverait un moyen de récupérer la progéniture de quelqu’un. Que ce soit de la princesse ou d’une autre âme idiote en peine et en quête “d’amour” impossible. Des enfants, il y en aura toujours et cette idée fit ricaner le Crocodile. Il était certainement le seul dans cet état d’esprit à l’heure actuelle, mais un contrat est un contrat...

Étant d’ordinaire rapide à trouver une monnaie d’échange pour ses sorts, le prince n’avait, visiblement, aucune chose potentiellement utile en sa possession aux yeux du Ténébreux. Même pas son courage ni son statut, ses objets ou sa famille. Que pouvait-il bien offrir ? Pourtant, dans l’envie de se focaliser sur celle qu’il espérait retrouver, ce fameux contrat restait dans sa tête. C’était plus fort que lui. Il avait forcément quelque chose et il le trouverait, ce n’était qu’une question de minutes. Le mage ne put s’empêcher de balayer la salle du regard en quête de la princesse qui lui avait promis son enfant. La position qu’il tenait ne lui permettait pas de voir tout le monde et heureusement pour elle. Il fut rapidement stoppé dans ses pensées lorsque Belle posa la question fatidique. Voilà pourquoi il ne passe que peu de temps entouré de monde, il est particulièrement difficile de réfléchir sans être interrompu.

Il était évident qu’elle souhaiterait en savoir plus. Maintenant ?  Était-ce réellement le moment de parler affaires ? Le Crocodile grimaça, il ne put cacher son agacement face à ce besoin quasi-maladif de s’impliquer dans cette part de sa vie. Une part qui, en plus de ça, ne lui plaisait pas. C’est... Une vieille histoire.  Car ça l’était vraiment en plus de ça. Un marché passé avant même la malédiction, il n’y a franchement pas de quoi s'attarder sur ce sujet.  Minimiser la situation n’était peut-être pas une bonne idée parce que lorsqu’on a passé, même juste une minute avec elle, on sait qu’elle ne lâche jamais une affaire. Pour autant, retrouver Belle dans ces conditions avait le don d’agacer Rumple et ça se voyait comme le nez au milieu de la figure. Il lança un regard noir au prince qui avait visiblement compris le message et qui était en train de partir. Le Ténébreux porta à nouveau son attention sur Belle. Je commençais à me dire que je ne te verrais pas ici aujourd’hui.  Il ne savait pas où elle se trouvait, ce qu’elle avait fait depuis le retour dans ce royaume. Il avait tant de questions. Où étais-tu ?  Il tentait de dévier la conversation vers ce qui, en tout cas dans l'immédiat, l’intéressait vraiment. Ce bal était une vraie bombe prête à exploser, le moindre faux pas, la moindre remarque, étaient susceptibles de tout déclencher.

Le concours culinaire battait son plein et les invités faisaient la queue pour admirer les créations et voter pour leurs préférés. Clochette avait réalisé un bouquet de tulipes en chocolat, petit clin d'oeil personnel à son chez-elle perdu depuis bien longtemps.
Le temps de pause était terminé et l'organisatrice en elle reprit son poste aussi rapidement qu'un battement d'ailes. S'assurant régulièrement que les buffets furent toujours remplis de mets et de boissons, la blondinette faisait des allers-retours sans discontinuité entre la cuisine et la salle de bal.

Tellement occupée à sa tâche, la Fée Verte ne vit pas le couple royal s'approchait d'elle. Elle sursauta donc quand Regina lui adressa ses compliments sur l'organisation de la soirée. Clochette rougit en entendant son amie la féliciter sur son travail.

« Je suis heureuse de savoir que cela te plait. J'espère que le moment le moins agréable de la soirée ne restera que l'entrée disons remarquée d'Ursula. En tout cas, vous avez eu une très bonne idée d'organiser ce bal. Nous avions tous besoin de légèreté et de se retrouver après ces dernières années et toutes les épreuves que nous avons subies. »

Elle s'excusa ensuite de devoir s'en aller, mais elle venait de voir une carafe vide sur une des tables et elle se devait de faire le nécessaire pour qu'elle fut remplie à nouveau. En revenant vers la table du concours, elle remarqua qu'il n'y avait plus personne autour de l'urne.
Le temps était peut-être arrivé de procéder au dépouillement et à l'annonce des résultats. Par acquis de conscience, la Fée Verte fit un tour des convives pour leur rappeler que les votes étaient toujours ouverts mais plus pour très longtemps.

Les derniers retardataires se dépêchèrent de mettre leur choix dans l'urne sous l'oeil bienveillant de la cheffe d'orchestre de la soirée. Clochette attrapa ensuite la boite contenant les votes et l'emporta dans un coin plus calme afin de ne pas être dérangée durant le comptage des voix.
Une fois les résultats connus d'elle, la blondinette alla voir les musiciens afin de demander un roulement de tambour. Toutes les personnes présentes à la soirée se turent et regardèrent en direction de la jeune femme. Celle-ci s'éclaircit la gorge et fit son annonce.

« L'heure de vous annoncer les résultats du concours culinaire est arrivée. Je tenais tout d'abord à remercier et féliciter les participants pour leurs créations des plus variées et des plus appétissantes. Le décompte des voix nous donne une égalité pour la première place.
Nous avons donc deux, pardon, trois gagnantes ! Il s'agit d'Ariel et de sa fille Mélody avec leurs chocolats en forme de poisson ainsi que d'Ursula avec ses coquillages fourrés au chocolat. Vous pouvez les applaudir très fort. Félicitations. »

Le grand moment était enfin arrivé, et dire que je n’angoissais pas serait mentir. Mais j’avais été ragaillardie par quelques verre d’hydromel, et je leur devais une fière chandelle, car je n’aurais sans doute pas eu autant d’assurance sans eux, bien que j’eus été habituée à parler en public et parfois dire des choses qui n’étaient pas de l’avis populaire tel que le voulait mon rôle de reine, avouer ses sentiments à la personne qui fait battre son coeur n’était pas une chose facile, d’autant que c’était la première fois pour moi.
Je m’étais donc lancée, j’avais expliqué ce que je ressentais à Merida et, osant enfin la regarder, je vis sur son magnifique visage parfait un sublime sourire qui l’illuminait. La petite seconde durant laquelle elle lâcha mes mains me parut durer une éternité, mais soudain, elles vinrent encadrer min visage et ses lèvres vinrent  s’apposer aux miennes. Mon coeur manqua sûrement un battement à ce moment précis où, d’abord surprise, je fermais finalement les yeux pour savourer ce baiser et glisser une main dans ses cheveux soyeux. Je me sentais si bien, j’avais l’impression de rêver. Puis, l’étreinte s’arrêta pour qu’elle prenne la parole à son tour. Là, ce fut comme le plus magnifique des rêves : elle prononça les trois mots magiques qui firent fondre mon petit coeur. Je sentis les larmes me monter aux yeux tandis qu’un petit rire nerveux s’échappa de mes lèvres. Je l’écoutai, puis n’eus rien le temps d’ajouter que nos lèvres se retrouvèrent pour un nouveau baiser, plus langoureux cette fois. Je sentis mon corps être parcouru de frissons. Etait-ce cela le grand amour, tel que je l’avais vu chez les autres, comme ma sœur et Kristof par exemple, mais jamais réellement expérimenté pour ma part ? Je crois que je pouvais désormais effacer ce constat. J’étais en présence de mon grand Amour, et nos sentiments étaient réciproques.

Quand nos bouches se séparèrent, je pris Merida dans mes bras, la serrant fort contre moi.

- Comme je suis heureuse ! Je crois que je n’ai jamais été aussi heureuse qu’en ce moment !

Mais soudain, la fée Clochette sonna l’annonce du résultat du concours de chocolat. Sans surprise, c’était les participantes du monde aquatique qui avaient gagné. J’avais été admirative de leurs créations. J'applaudis, puis, je me tournai vers Merida, tout sourire.

- Est-ce que tu veux quitter la soirée pour qu’on puisse discuter en tête-à-tête ? proposai-je.

Je ne me préoccupais pas le moins du monde qu’on ait pu nous voir et nous juger. A vrai dire, j’étais sur un petit nuage. Tout ce que je voulais, c’était rattraper le temps perdu, et parler de l’avenir. Et embrasser encore et encore ma sublime reine rousse.

Ma puce veut danser avec moi. Je lui avais promis mais sa vie est en danger si nous restons ici... Je m'en veux de la priver de ce moment si agréable mais le crocodile est ici et il pourrait nous la prendre si facilement même si nous sommes entourés de nos amis... Je ne sais plus sur quel pied danser...

- Je suis désolé ma puce...

Ariel tente de me rassurer mais cela ne fonctionne pas vraiment. Nous n'avons pas le temps de réfléchir. Ils sont tous les deux dans la même pièce... Je lui souris lorsqu'elle me parle à l'oreille.

- J'essaie ma sirène j'essaie. Mais tu sais ce que veut le crocodile et il en est bien trop près. Tu l'as perdu deux fois... Pas une troisième...

Elles ont été séparées bien trop longtemps... Et encore une fois ma merveilleuse femme marque un point. Je devrais aller voir Robin... Il pourrait nous aider...

- Très bien, mais reste prudente mon amour... Je t'en supplie fais attention...

J'embrasse mes deux petites femmes et je m'éloigne et soudain... C'est le drame... Le résultat du concours tombe et Clochette donne le nom de ma fille... Rumple est au courant que mon bébé est ici... Il va vouloir la récupérer... Il va nous tendre un piège ou je ne sais quoi... J'accélère le pas et m'approche de Robin en essayant de cacher la panique qui m'envahit.

- Je suis désolé de t'importuner Robin mais j'ai besoin de ton aide... Ma fille est en danger... Rumple sait qu'elle est ici et il va vouloir la récupérer... Je ne sais pas quoi faire. Ça tourne pas rond dans ma tête. J'ai envie de fuir avec Melody et Ariel mais on ne sera jamais aussi bien en sécurité qu'ici. Tu aurais une idée ?

J'ai vraiment besoin d'aide. Le crocodile ne serait pas aussi puissant je crois que j'aurais été capable d'essayer de le tuer pour protéger ma fille. Je suis un père, et pour mon enfant je serais prêt à tout... Elle a grandi sans sa mère, je ne veux pas qu'elles soient séparées à nouveau et je n'en peux plus de vivre sur le qui vive... De devoir surveiller nos arrières sans arrêt... Ce n'est pas une vie que nous menons... Je regarde autour de moi, j'ai besoin de garder un œil sur Rumple. Je dois vérifier qu'il ne s'approche pas trop près de l'endroit où se trouvent mes deux merveilleuses femmes.

Le ciel était louée ! J’avais enfin trouvé ma pote pour la plus grande des urgences de cette soirée. Au diable le concour de chocolat, j’avais clairement besoin d’elle pour m’aider dans la délicate situation où je me trouvais. J’avais horreur de ça. J’aurais, sans l’ombre d’un doute, dût penser à tout ça bien avant. Ce n’était comme si le bal sortait du néant. Je savais qu’il allait y avoir un bal et moi, j’avais tout simplement négliger le fait que je risquais de me faire demander une danse en mes qualités de prince. Prince mes fesses surtout! Je rigolais alors qu’elle me traitait de vilain crapaud lanceur de farine. Je l’aimais tellement ma meilleure amie. Elle saurait me sortir de cette impasse j’en étais absolument certain.

- J’accepte le surnom. Je le mérite.

Nous nous retrouvions dans un coin reculé de la salle et elle s’inquiétait visiblement. Oh, je la connaissais ma Anna avec ses grands yeux. Elle enchaînait les questions et je me mettais à rire nerveusement avant de faire une grimace. Oh que c’était délicat toute cette histoire. Je portais une main à ma nuque pour la frotter avant de pousser un grand soupir.

- Bon … Alors évitons les scénarios catastrophes. Mes parents pensent déjà que j’en pince pour toi alors que ce n’est absolument pas le cas car j’ai osé dire que je te cherchais !

J’allais en entendre parler avec des questions pour les vingt prochains jours. Heureusement que j’avais réussi à m’extirper de cette délicate situation sans quoi j’aurais continuer à avoir des protections de ma mère qui s’imaginait encore que j’avais la couche aux fesses ! Je tenais tout de même à préciser que tout allait bien à ce niveau merci maman !

- Raiponce n’est pas là non …

Je n’avais pas osé partir à sa recherche encore et je poussais un soupir en baissant la tête. Je regardais finalement ma meilleure amie dans les yeux en me mordant nerveusement la lèvre du bas.

- T’as rien fait non plus je … Il faut que tu me montres à danser. Je sais pas comment faire ça moi et je vais avoir l’air d’un grand crétin blond barbu si je me retrouve à être obligé de danser avec la méduse vivante d’Ursula ! Faut que tu m’aides et vite.

Dernière minute moi ? Noooon pas du tout.

"Les rêves qui sommeillent dans nos coeurs. Au creux de la nuit. Habillent nos chagrins de bonheur. Dans le doux secret de l'oubli. Écoute ton rêve et demain. Le soleil brillera toujours. Même si ton coeur a l'âme en peine. Il faut y croire quand même. Le rêve d'une vie c'est l'amour"

Serait-ce son imagination où l'orchestre attaquait une chanson évoquant en tout point ce qu'elle ressentait à ce moment précis ? Les rêves finissaient par devenir réalité. Merida avait tellement été déçu par le passé qu'elle n'eut jamais cru que celui-là se réaliserait un jour.
Elle aimait Elsa plus que tout et Elsa l'aimait elle-aussi. Le monde pouvait s'arrêter de tourner, elle connaissait ce qu'aimer et être aimé en retour signifiait. Et c'était bien au-delà de ses espoirs les plus fous.

" La plus grande vérité qu'on puisse apprendre un jour est qu'il suffit d'aimer et de l'être en retour " lui répétait sa mère, elle avait raison. Merida avait maintenant hâte de retourner à DunBroch pour lui dire à quel point elle avait raison.

Le roulement de tambour qui emplit la pièce la ramena au moment présent et à la salle de bal. Elle tenait toujours la main d'Elsa dans la sienne. Les résultats du concours furent annoncés. Aucune d'elles ne l'avait gagné. Mais elles ne sortaient pas perdantes malgré tout de cette soirée. Bien au contraire, elles s'étaient trouvées et avouées ce qu'elles ressentaient l'une pour l'autre.
Elsa lui proposa de s'éclipser de la fête afin de pouvoir parler plus librement seule à seule. Merida la regarda et lui sourit. Au moment de lui répondre par l'affirmatif, car elle ne pouvait que dire oui, son regard se posa sur une autre rouquine pour qui le coeur de la belle blonde battait mais pour d'autres raisons.

" Je rêve de ce tête-à-tête depuis que nous nous sommes retrouvées. Mais que va dire ta soeur si elle ne te voit plus dans la pièce ? Tu lui as promis que vous ne seriez plus séparées. Je ne veux pas que vous vous disputiez à cause de moi... "

La rouquine prit les mains de sa dulcinée et les embrassa. Elle avait attendu jusqu'à présent pour lui dévoiler ses sentiments, elle pouvait attendre encore quelques minutes de plus. Même si elle ne portait pas plus que cela Anna dans son coeur, elle connaissait l'importance des liens du sang et ne voulait surtout pas s'interposer entre deux soeurs.

Il était agréable de voir le palais prendre vie et de savourer la joie collective de se retrouver autour d’un tel évènement. Les contrariétés n’avaient plus lieu d’être et chacun appréciait cette parenthèse enchantée ; bienvenue après tant de péripéties. Cependant et malgré l’effort de tous, l’ambiance aurait aisément pu se dégrader en la présence de celui que l’on nommait encore monsieur Gold pour la convenance. Robin, le premier, s’était opposé au faiseur de marchés qui n’avait rien à faire ici. Par chance, Regina endossa les atours de la diplomate et tâcha de calmer le jeu. Comme toujours, elle parvenait sans mal à trouver les bons mots pour amoindrir les ardeurs de son époux et voilà qu’à présent, après s’être acquittés de leurs devoirs d’hôtes, ils se séparèrent. Robin rejoignit donc la file d’attente pour aller voter après avoir pris le temps d’observer à nouveau les gâteaux en compétition.

— Hum… marmonnait-il avant d’enfin se saisir de quoi écrire. Il plaça ensuite son avis dans ce qui faisait office d’urne et s’éloigna non sans garder un œil sur les trouble-fête de la soirée avant de chercher du regard, ses enfants qui se faisaient plutôt discrets.

« Votre gamin s’en sort pas mal ! » lança Granny après avoir été déposée son bulletin dans l’amphore. — Moi qui pensait qu’il hériterait de mes talents d’archer, j’ai bien l’impression qu’il a hésité des talents culinaires de sa mère.  La vieille gérante laissa paraître un léger rictus, posa une main sur l’épaule de l’archer et s’éloigna pour retrouver Gepetto qui lui tendit un verre. — Sacrée Granny !  À son tour, il se saisit d’un verre avant de voir arriver Eric, l’époux d’Ariel, qui semblait très préoccupé, plus qu’à l’ordinaire.

— Eric ! Bonjour !  lança notre voleur avant de comprendre que la légèreté n’était pas de mise présentement. — Tu ne m’importunes nullement, je t’assure. Que puis-je faire pour toi ?  Le pêcheur enchaîna aussitôt en narrant ses déboires et plus encore le danger que représentait la présence de Rumpel. — Fuir n’est pas la solution aujourd’hui. Ne t’en fais pas, avec Regina nous allons garder un œil sur lui. C’est bête à dire, mais j’ai l’impression que tant que Belle est ici, il ne fera rien d’insensé. Et comme tu l’as si bien dit, vous ne serez jamais aussi en sécurité qu’ici.  Il posa une main bienveillante sur l’épaule du jeune père. — Nous ne le laisserons pas vous faire du mal à toi et ta petite famille.  Il tenta un faible sourire avant d’entendre au loin, la voix de Clochette qui s’apprêtait à donner le nom du vainqueur. Et quelle ne fut pas la surprise, en entendant le nom des trois gagnantes. À coup sûr, tous les regards seraient braqués sur elles, et plus encore sur Ariel et Melody. Par réflexe, Robin chercha Rumpel du coin de l’œil pour s’enquérir de ses agissements, avant de croiser le regard de Regina pour lui sommer de se rapprocher afin de gérer une potentielle situation de crise.

— Retourne auprès d’elles Eric ! Je vais en parler avec Regina. Tout va bien se passer, je te le promets ! 

J’avais retrouvé mon ami et quelque chose me disait qu’il avait besoin de moi. Il était devenu sérieux au moment de me demander mon aide. Moi qui riais avec lui avec toute l’insouciance qui me caractérisait quelques instants auparavant.
Il n’avait pas l’air dans son assiette et l’avoir inondé de questions ne devait pas lui faciliter la tâche. Il reprit son tic habituel quand il cherchait ses mots en faisant passer sa main dans sa nuque. Il essaya d’expliquer la situation mais ce qu’il me dit me fit plus peur qu’autre chose.

« Comment ça tes parents pensent que tu en pinces pour moi ? Tu leur as juste dit que tu me cherchais et ils imaginent que tu as des sentiments pour moi ? Mais pourquoi ? Je vais aller les voir pour leur dire qu’ils se trompent sur le sujet. Je suis mariée et tu le sais très bien. C’est justement pour ça qu’on s’entend si bien, on ne se cache rien. »

Je commençai à m’énerver toute seule et je voulus aller voir le couple royal de ce pas. Je me retins en me souvenant que Richard m’avait demandé mon aide et ce n’était sûrement pas par rapport à ce sujet. J’écoutai la suite de ses réponses à mes questions.
Pas de Raiponce ce soir. Dommage, j’avais hâte de faire sa connaissance. Si seulement, le prince charmant se décidait enfin à partir à la recherche de sa belle. Il me regarda avec son air suppliant, il se mordait même la lèvre inférieure.

Le problème ne venait pas de moi de ce qu’il finit par me dire. Pour quelle raison avait-il donc tant besoin de moi ? Ce devait être quelque chose d’important à ses yeux pour qu’il n’arrivât pas à me le dire sans tourner autour du pot.
Il finit par cracher le morceau. Il voulait apprendre à danser. Je me mis à rire, moi qui avais tout imaginé, je n’avais pas pensé à une chose aussi simple que la danse. J’eus pitié de mon prince d’ami et le pris par la main pour aller dans un recoin du château afin de lui montrer les pas de base.

« Mets ta main sur ma hanche et l’autre dans ma main. Ne regarde pas tes pieds mais regarde-moi dans les yeux. On va commencer par la valse, c’est une danse à trois temps. Tu peux compter jusqu’à trois ? »

Petite pique pour essayer de le dérider, ce n’atteignit pas complètement son but. Je pris le temps de lui montrer l’enchainement des pas et on s’entraina pendant plusieurs minutes. Mon élève était vraiment doué et comprit comment faire valser correctement sa cavalière.
Nous repartîmes vers la salle de bal. Les résultats du concours culinaire furent donnés, pas de chance pour moi ni pour Richard. En regardant un peu partout, j’aperçus près d’une table la reine Regina. Je quittai mon apprenti danseur et me dirigeai vers l’hôtesse de la soirée.

« Reine Regina. » commençai-je en faisant la révérence. « Je tenais à vous remercier pour l’hospitalité que vous avez fait preuve envers ma sœur et moi et pour vous remercier pour l’invitation au bal de ce soir.
Je voudrais également vous entretenir d’un autre sujet, concernant votre fils Richard. Sachez que tout est clair entre nous, il sait que je suis mariée et je ne lui ai jamais laissé croire quoi que ce soit. Je suis fidèle à mon mari même si cela fait longtemps que je n’ai plus de ses nouvelles.
Je vous souhaite une bonne soirée. Vous avez un fils merveilleux et il mérite de trouver une fille bien. »

Je repartis afin de retrouver ma sœur. Où était-elle passée ? Etait-elle toujours en train de parler avec la reine Merida ?

Regina était enchantée de la soirée qu’elle trouvait très réussie, et ce grâce au concours de Clochette qui, en vraie professionnelle de l’organisation d’événement, avait su faire mouche. Après avoir géré les deux arrivées tonitruantes de certains invités, c’était donc tout naturellement qu’elle était allée féliciter son organisatrice. La fée verte était rayonnante, bien que préoccupée par tous les menus détails, et c’était tout à son honneur.

- Pense à t’amuser toi aussi, souligna Regina avant de laisser aller son amie.

D’ailleurs, elle ne tarda pas à annoncer les gagnants. La reine applaudit tout en jetant un œil à Ariel et Melody, puis Ursula. Tout le monde semblait calme. Puis, Robin fut intercepté par Eric. Elle laissa les deux amis discuter, d’autant qu’au même moment, elle fut à son tour alpaguée par une jeune rouquine.

- Princesse Anna, répondit-elle avec un hochement de tête et un sourire. Vous n’avez pas à me remercier, c’est bien normal.

La suite du discours de la princesse la rendit légèrement mal à l’aise, elle réalisa qu’elle s’était trompée sur les intentions de Richard envers elle. Quelque part, tant mieux, c’était rassurant de savoir que son fils n’aurait pas le coeur brisé.

- Oh… très bien… Merci de m’en avoir… informée, répondit-elle en bredouillant légèrement.

La princesse prit congés et Regina retrouva Robin avec un air légèrement amusé parce qui venait de se passer. Mais son archer de mari, lui, avait l’air plus sérieux.

- Que se passe-t-il avec Eric ? C’est à cause de Gold ?

Question rhétorique. Évidemment, elle se doutait bien de l’angoisse qui tiraillait ses amis à cause du pacte, elle était au courant. Elle savait que Robin avait certainement fait de son mieux pour rassurer le prince Eric, et donc par son biais, Ariel. Gina se souvenait de la naissance de Melody et du stress ressenti par les parents, puis de la fuite d’Eric avec le bébé en direction du royaume où le temps passait plus vite. Ce fameux royaume invisible sur la carte où la petite serait à l’abri. Elle avait fourni au prince et à la sirène chacun un miroir magique pour pouvoir communiquer et pour que son amie puisse voir sa fille grandir, même si le temps passait très vite. Elle ne savait que trop bien l’horreur d’être séparée de son bébé, aussi avait-elle voulu adoucir cette douleur pour son amie rouquine ;
La situation semblait désormais sous contrôle, il semblait évident que Rumplestiltskin ne tenterait rien de stupide ce soir en présence de Belle, et heureusement d’ailleurs.

- Vas-tu m’inviter à danser ?

Je voyais bien que les propos de mes parents ne faisaient pas rire Anna. Elle en était offusquée. Moi, ça me mettait simplement mal à l’aise en fait. J’étais dans ma petite bulle comme toujours en tentant de parlant malgré la nervosité que j’avais au fond de mon âme. Je tentais de rester calme au maximum avant de finalement expliquer mon problème à ma meilleure amie. Anna prenait ma main pour m'entraîner dans un coin du château. Là, elle me faisait poser ma main sur sa taille et l’autre main qui allait dans la sienne. Je regardais immédiatement mes pieds par réflexe. Elle me disait de faire le contraire. Je grondais un peu en levant les yeux au ciel.

- Oui je devrais m’en sortir du moment que ça ne dépasse pas cinq.

Un petit sourire en coin avant de commencer à tenter de suivre les pas. J’étais bien meilleur avec une épée et un bouclier ! Je lui écrasais les orteils au moins deux fois avant de comprendre le principe. J’étais vraiment une plaie quand je m’y mettais en fait. Je continuais de bouger jusqu’à comprendre de manière potable après plusieurs minutes. Je hochais la tête et je posais un baiser sur le dessus de sa tête pour la remercier. Retour à la salle de bal. J’ignorais un peu les résultats me disant que j’avais participé et c’était déjà très bien comme ça. Je n’avais tué personne avec mes brownies. J’allais parler, mais Anna me quittait brusquement pour aller voir ma mère. Je faisais les yeux ronds. Mais non … MAIS NON ! J’étais mort de honte et je rougissais un peu. Je serrais les dents en me disant que c’était devenu la norme. Je prenais une inspiration et je décidais d’aller prendre l’air un peu en m’éloignant de toute cette agitation.

Je me rendais à un balcon et je retirais mon chapeau en me passant une main sur le dessus de la tête. La seule longueur que j’avais étant à ce niveau comme le reste de mon crâne était rasé sur les côtés. J’écoutais le son et les rires. La fête battait son plein et mon regard se levait vers les étoiles. Je repensais à ces lanternes magnifiques dans le ciel. Une pensée pour elle et sa chevelure interminable. Je rebaissais la tête en regardant une de mes chevalières que je tournais. Regard perdu dans le vide sans attendre la moindre présence de qui que ce soit.