Depuis la visite courtoise et agréable de Melle March, c’est que le cher Billy était tout chose et que tous les matelots l’ont vu en émoi devant une fille. Peu de temps sur le Revenge, mais déjà il avait attendrit les coeurs les moins durs des pirates. On avait pitié de ce petit bonhomme qui s’était engagé en toute inconscience à leur humble avis. On l’avait trainé en taverne, poussé dans les bras des plus expérimentées ou dévergondées serveuses ou prostitutées, mais à part effrayer le pauvre moussaillon, ils n’arrivèrent à rien. Il se figeait et finissait par ne plus vouloir les suivre, se cacher dans un coin, ... Or, leur coeur fait d’or et de diamant avait fondu en le voyant parfois regarder certaine demoiselle avec un appétit de louveteau encore qu’en apprentissage.
« Il serait peut-être temps qu’l’mousse il... enfin v'yez ! » commença un des matelots en parlant au capitaine. Un autre finit la phrase : « qu’il apprenne les choses d'la vie. » et un autre ajouta : « Et vu comme il est. On s’disait qu’si c’tait vous qui l’am’niez, il serait plus détendu. » Puis un autre ponctua d’un « faut que le p’tiot devienne un homme. » suivit d’un rire complice et moqueur du reste de l’assemblée. Ce n’était pas méchant. Ce qu’ils insinuait, c’était d’amener le petit Billy au bordel. Ce n’était pas quelque chose d’étonnant, surtout dans le milieu. La plus part d’entre eux était passé par là. C’était presque un cap à passer.
Les délicatesses d’une éducation Feat Billy N. O’Brien
Tranquillement couchée dans mon lit, je me reposais en rêvassant. Pensant à de belles îles ensoleillées où je pourrais mouiller le navire et boire un bon verre de rhum. Alors que j’étais sur le point de m’endormir, quelqu’un toqua à ma porte. Je rouvris un œil en soupirant, me redressant pour être un peu plus présentable.
- Entrez !
Là, quatre des mes matelots firent irruption dans mes appartements. Je les regardais les yeux ronds. Mais que me voulaient-ils encore ? Il y avait déjà plus rhum ? Pas possible, on avait fait le plein cet après-midi ! Ils commencèrent à parler tous en même temps, l’air un peu gêné, je ne comprenais rien. Je sifflais un bon coup, et leur demandai de parler un par un et calmement. Doucement ils exposèrent leur demande. Je comprenais mieux leur gêne de parler de ça avec moi.
- Non, je ne vois pas… Les choses de la vie… ? Quoi ?! Avec moi ?! Mais t’es pas bien Georges ?!
Ils se regardèrent les uns les autres, avant de se tourner vers moi l’ai exaspéré.
- Ah ! Que je l’emmène dans un bordel ! Ah oui, je vois. C’est vrai que depuis que Rozen March est passée… Dis-je songeuse. Je verrai avec lui. Merci messieurs. Retournez à vos activités.
Ah Billy… Depuis qu’il avait croisé Rozen, il n’était plus vraiment le même… Un peu plus curieux sur les femmes. Je sortis de mon lit, et me rhabillai correctement, réajustant correctement ma chemise. Et hop ! Je partis à la recherche de mon petit mousse. Il me suffisait de suivre son odeur pour le retrouver. Il était tranquillement installé dans son hamac.
- Billy ! Je te cherchais. Tu veux bien venir avec moi sur la terre ferme ? Je voudrais te montrer quelque chose. Je vais t’expliquer en chemin.
La capitaine les avait écouté attentivement et elle était assez d’accord avec eux. Du moins, elle accepta de faire passer une des grandes épreuves de la vie à Billy. Ils étaient ravis. Ils ajoutèrent leur avis sur comment s’y prendre. Chacun y alla de son avis. Ils y avait un maison close sur le port où il mouillait. Elle était assez bien tenues, les filles mignonnes et la mère maquerelle proposait un grand choix de pupille et d’occupation, sans parler qu’elle était plus gentille qu’on ne l’imaginait. Il fallait en profiter donc, plutôt que de lui proposer cette grande aventure avec une catin trainant au fond d’une taverne et sûrement pas de la dernière fraicheur.
Billy ne se doutait de rien. Il était dans son hamac, tranquillement posé et lisait des bouts de page arraché d’un livre à la lueur d’une lanterne. Certes depuis ce baiser avec Rozen, il était plus curieux et gourmand. Il aurait bien aimé pouvoir en profiter encore et qui sait avoir plus. C’était tout nouveau pour lui, et naturellement il se posait des questions sur certaine chose. Il voulait connaitre. Il suffisait de le voir regarder les autres bécoter n’importe quelles femmes qui voulaient bien de leur rustre compagnie. Mais il ne savait pas comment faire et ça se sentait aux questions qu’il posait à ses camarade sur le bateau. Il était temps pour lui de grandir et apprendre à vivre. Or les hommes n’avaient pas eu le tact nécessaire : l’affaire était mal présentée et les femmes ne vendaient pas du tout du rêve. Rien à voir avec le charme et le pétillant de Rozen qu’il avait tant aimé, ou le charisme et la beauté non-négligeable de Calypso.
Anne était venu le chercher et lui demandait de le suivre. Il la regarda un moment assez surpris, puis posa son morceau de livre dans son hamac. Après un moment à se démêler de sa couchette, il la suivit, docile. Il ne comprenait pas. « Tu vas pas me jeter par-dessus bord ? Ou m’abandonner sur le quai et partir hein ? Ça fait pas longtemps que je suis sur le bateau. C’est probable » s’inquiéta t-il en pensant tout haut.
Les délicatesses d’une éducation Feat Billy N. O’Brien
Parfois, mes matelots me faisaient quand même de drôles de requêtes, je ne m’y attendais pas à celle là. C’était bien la première fois qu’on me demandait d’emmener un mousse dans une maison de passe. Comment j’allais faire ça moi ? J’allais improviser. Et d’après mes hommes, le bordel du port n’était pas trop mal pour initier notre jeune Billy au plaisir de la chaire. Je suivais donc l’odeur de mon protégé et le trouvais entrain de lire dans son hamac. Je lui demandais de venir avec moi.
Il semblait surpris par ma demande, posant ses affaires, il sortit maladroitement de son lieu de repos. Gentiment, il me suivit et nous descendîmes ensemble du navire pour nous diriger vers la maison close. Il me demanda alors si je comptais l’abandonner. Mais quelle idée !
- Mais pour quelle raison je t’abandonnerai ?! Tu m’as déjà vue abandonner quelqu’un ?!
Il était bien le dernier que je voulais balancer par-dessus bord. S’il y avait un matelot que j’aimerais garder avec moi jusqu’à la fin, c’était Billy. J’adorais ce garçon et on ne s’ennuyait jamais avec lui. Il inventait toujours quelque chose qui avait l’effet de me faire sauter au plafond ou de me faire rire ! Bref, c’était Billy quoi.
- Non, je te demande de venir avec moi parce que les autres matelots sont venus me parler. Ils pensent qu’il est tant que tu deviennes un homme en apprenant à mieux connaitre les femmes, tu comprends ?
Nous marchions ensemble, et nous étions devant ce bâtiment illuminé par une petite lanterne rouge, indiquant que nous étions arrivés à destination.
Il marchait à côté d’elle. D’un demi-pas en retrait. Il avait eu peur sur ses motivations à le sortir si tardivement de son hamac. Elle n’était pas sensé se reposer dans sa cabine comme elle nous l'avait dit au fait ? Forcément, il y avait quoi m’inquiéter. Je pensais être un poids et que bah... Il fallait se débarrasser de moi. Je lui partageais alors mes craintes. Tant pis, je m’y ferais mais au moins que je sache plutôt que d’attendre sur un chemin qui risquait d’être interminable et suivie d’une chute vertigineuse. Elle me rassura que non et se demandait même pourquoi elle le ferait. « Bah parce qu’j’sers pas encore à grand chose. J’sais juste frotter le pont. Mais ça, les gars ils savent le faire, en plus de dépecé des gens, réparer une voile, ou encore charger un canon. Et j’sais pas dire canionier ? J’comprends t’sais ».
Et elle mit le sujet sur la table. Billy ne dit rien, avançant et réfléchissant en même temps. « Apprendre à mieux connaitre avec les femmes ? C'mment ça ? » commença t-il innocent avant de se rappeler toutes ces dernières sorties avec les pirates. Il se figea, rouge pivoine. « Attends, tu m’emmènes où là ? » sur un ton un peu plus paniqué qu’il ne l’aurait voulu. Il s’arrêta. Le bâtiment était déjà devant eux, avec sa lanterne rouge et cette immense gaillard qui gardait la porte. « M’en fou, j’irais pas » protesta t-il sans aucune autorité en croisant les bras. Je savais même pas où j’allais mais je voulais pas savoir.
Les délicatesses d’une éducation Feat Billy N. O’Brien
Aux yeux des autres, Billy ne servait peut-être à rien, mais à moi, il me servait beaucoup. Il réchauffait mon cœur de mère et me faisait toujours plaisir. J’étais ravie de l’avoir parmi nous, à mes côtés. Il m’apportait de bonnes choses.
- « CA-NON-NIER » Articulai-je. Je m’en fiche bien que tu ne saches pas encore faire grand-chose. Tu crois que je savais tout faire dès le début moi ? Non, j’ai appris comme tout le monde, et je t’apprendrais à toi aussi. D’accord ? Jamais, je ne t’abandonnerai, sois en sûr.
Venait maintenant le sujet un peu plus délicat. Apprendre à Billy qu’il fallait qu’il devienne un homme, assouvir sa curiosité. Pourquoi c’était moi qui devais faire ça ? Y avait plein d’hommes à bord, et il fallait que ça soit moi, la seule femme qui emmène notre mousse au bordel du port… Il ne comprit pas tout de suite ce que je voulais dire.
- Eh bien… Nous avons tous vu que depuis que tu as croisé la route de Rozen March, tu étais devenu un peu plus curieux envers les femmes…
D’un coup, il vira au rouge tomate et se mit à paniquer. J’avais l’impression que je l’emmenais à l’abattoir ou un truc comme ça. Il se planta devant le bâtiment et ne bougeais plus. Je pouvais essayer de tirer son bras ou faire n’importe quoi, il resta sur place.
- Ne fais l’enfant tu veux ?! Tu penses que je vais te faire du mal ?! Suis-moi, fais-moi confiance… Je veux juste que tu trouves les réponses à tes questions et que tu fasses plaisir.
Il fronça légèrement les sourcils alors qu’elle le reprenait sur le mot « canonier » qu’il n’arrivait jamais à prononcé. Bah elle était pas obligé de me le dire aussi fort non plus. C’est pas comme ça que ça va mieux rentrer. Comment elle a dit déjà ? Canionier ? Cianionier ? Rho et puis merde ! Il ne resta pas en colère longtemps, car elle lui passait du baume au coeur en disant qu’elle ne l’abandonnerait pas. Ouais, enfin elle avait pas précisé si par-dessus bord non-plus. Il hocha alors la tête avec un petit sourire. Un sourire qui ne resterait pas non plus longtemps.
Elle l’avait amené devant une maison close et il ignorait encore que c’en était une. Il avait bien vaguement entendu parlé des « bordels » dans les discussions entre matelots, mais c’était tout. Un mystère que cet endroit pour lui. C’est que sexuellement, il était encore bien innocent et c’était pour cela qu’elle le trainait ici. « Que je me fasse plaisir ? Je... Mais... » gémit-il presque les larmes aux yeux. Il avait peur. On ne lui avait pas approché les meilleurs spécimen pour l’aider non-plus. « Et pourquoi que toi tu t’en occuperais pas ? Quoi ? Ca se fait pas ? Ca ne se fait pas hein... » demandait-il, apprenant encore certaines convenances qu’il ignorait. Comme ne pas lorgner dans le décolleté du capitaine. « Mais d’un autre côté, là on paie une femme pour qu’elle soit « gentille » (mime les guillemets) avec moi. Je trouve pas ça moins choquant que ce soit toi qui me montre... » demandait-il avec toute l’innocence du monde. C’était de ça que parlais les matelots quand il disait « vu comme il est » pour ne pas dire toqué.
Les délicatesses d’une éducation Feat Billy N. O’Brien
Il fallait aussi lui apprendre ce que c’était que le plaisir ? Ah non, il allait le découvrir tout seul ! Je n’allais pas lui expliquer. Il comprendrait très vite tout seul. Il pouvait pleurer, faire les yeux de chiens battus, je ne céderais pas, il allait entrer là dedans et apprendre ces choses avec une femme qui en avait l’habitude.
Moi ?! M’occuper de lui montrer tout ça ?! Non en effet, ça ne se fait pas non ! Mais il en posait de ces questions des fois ! Il m’exaspérait, j’avais envie de l’attraper, le balancer là dedans et revenir dans une heure pour le récupérer. Mais là, il risquait de m’en vouloir un peu quand même.
- Non mais t’es pas bien ! Non, je ne m’en occuperai pas ! Parce que… Parce que je suis ton capitaine, et je ne fais pas ça avec mes matelots ! Et encore moins quand… BREF ! Arrête de me répondre et vas-y !
Je le considérais un peu comme mon fils, alors l’idée de m’occuper de lui de cette façon me fit horreur. Je préférais chasser cette idée de mon esprit avant de rebrousser moi-même chemin. Il me fit ensuite part de ses pensées… Des fois, je ne sais pas quoi lui dire moi. Je pouvais répondre quoi à ça ? Je levais les yeux au ciel. Au final, je crois que j’étais aussi perdue que lui…
- C’est pas mon boulot de te montrer ça ! Par contre, elles, elles savent ce qu’elles font, et c’est leur travail ! Alors maintenant Billy, tu vas gentiment bouger tes petites fesses pour entrer avec moi, ou sinon, je vais finir par perdre patience et te montrer ce que ça donne quand je m’agace vraiment. Entre, et on avisera ensuite. Déclarai-je en lui montrant mes yeux de louve.
Anne eut l’air vraiment agacée quand il lui demandait de s’en occupait elle même. Presque gênée. Mais pourquoi ? Bah parce que ça se faisait pas. Je le sentais. Après, elle m’expliquait que c’était leur travail et pas le siens. Ca se tenait... Je lui accordais ça. Elle rouspétait face à son attitude et était complètement perdue face aux réponses qu’attendaient Billy. Elle lui demanda alors pour la énième fois d’y aller en l’intimidant avec sa nature canine. Billy recula d’un pas. Il était futé et s’éloignait des deux choses potentiellement dangereuses.
« Non ! Je veux pas ! » avait-il fini par crier. Ils étaient seuls aux alentours. Le garde les regarda un peu surpris. « Je veux pas dire, c’est peut-être leur travail, mais j’ai beaucoup plus confiance en toi. T’es sûr qu’elles savent ce qu’elles font ? Non car moi les catins, j’en ai marre ! La dernière fois, elle sentait si fort le poisson que quand je fermais les yeux je pensais être à la criée de bon matin ! Non merci. Et l’autre que Bayron m’a forcé à approcher, tellement délicate qu'elle a failli mes les arracher ! » se plaignit-il comme un gosse et ramenant ses mains sur ses bourses rien qu’à ce souvenir. « Alors le plaisir là, tu vois je comprends pas où je vais le trouver et le prendre ! Laissez moi tranquille naméoh ! » s’était-il égosillé, essoufflé il reprenait doucement son souffler. Il avait tout dit d’une traite. C’est que ça faisait du bien. « Et sinon, on peut pas juste attendre ? C’pas grave, je le vis bien. Puis qui sait un jour, je glisserai et ... avec de la chance. Beaucoup de chance » tentait-il en unique et dernier argument.
Les délicatesses d’une éducation Feat Billy N. O’Brien
Il se décala intelligemment pour éviter de se faire piéger. Il était futé ce gamin. Il répéta ensuite qu’il ne voulait pas. Mais qu’il était borné ! Arg ! Qu’allais-je bien pouvoir faire de lui ?! Je réfléchissais à la façon de le convaincre. Il fallait que je trouve un truc. Il mettait en doute le travail des prostituées et m’énuméra quelques unes de ses mauvaises aventures.
En même temps, les autres n’avaient pas choisi les meilleures professeures dans ce domaine. Ils avaient sans doute dilapidé leur butin et n’avaient plus de quoi payer une prostituée convenable à Billy. Je comprenais mieux pourquoi ils avaient fait appel à moi ce soir. Mais à cause d’eux, notre mousse avec beaucoup de préjugés et d’aprioris. Comment j’allais faire pour le débloquer un peu ? J’aurais du faire en sorte que Rozen et Billy perdent leur virginité ensemble, ça m’aurait épargné tous ces soucis…
- Et tu crois vraiment que je vais te choisir une fille comme ça ? Ah non ! Je vais la choisir avec beaucoup de précaution ! Je ne te laisse pas entre les mains de n’importe qui !
Et soudain, il essayait de me dire qu’il le vivait bien, et qu’un jour il glisserait peut-être. Je le regardais d’un air très perplexe, essayant d’imaginer la scène… Je secouais la tête, c’était pas possible ce genre de chose.
- Billy, fais moi confiance. Est-ce que j’ai déjà fait quelque chose qui t’a fait du tord ? Vraiment, je te choisirais une fille comme il faut, qui sait ce qu’elle fait et qui ne te fera pas de mal. Je lui ferai comprendre d’être très gentille avoir toi, sinon elle va finir en pâtée pour chien et tu verras, ça va se passer comme il faut..