Elle était inquiète de mon état. C'était étrange ou alors elle voulait juste pouvoir toucher son argent à l'arrivée ce que je pouvais bien entendu comprendre. Elle avait pris une course et il fallait bien qu'elle soit payée.

« Si j'arrive à me reposer un peu ça ira ne vous inquiétez pas. »

Il fallait juste que je n'aille pas au bout de mes limites comme l'avait fait une fois mon beau-père. Je ne voulais pas passer au bord de la mort.

« C'est une bonne chose d'avoir un instinct si aguérit. »

Ma belle-mère m'avait fait la même réflexion une fois. Elle qui avait été une louve avant de se transformer en humaine pour Belgarath avait beaucoup d'instinct et j'avais l'impression d'avoir une femme similaire en face de moi. Je finirai par avoir une réponse à mes questions au cours de mon voyage.

« Ici au Ponant vous avez deux formes de magie. Cette des disciples d'Aldur comme la mienne et celle de gromlins. »

Notre magie était similaire mais l'une était bénéfique alors que l'autre... Un frisson parcourut mon échine.

« J'espère que vous n'aurez jamais à faire à eux. »

Les Gromlins étaient des personnes mauvaises avec une idée de religion bien à elle. J'espérais que Essaïon avait changé cela mais j'avais de plus en plus de doute. Je respirais lentement tout en maintenant mon bouclier en place. Pour le moment le voyage se passait bien enfin presque bien. Je regardais le capitaine puis je m'éloignais un peu de la barre. L'aigle revient non loin de nous et se mit à brailler. Je souriais.

« Visiblement le temps est plus clément après le golf. »

Je remercierai ma femme une fois rentrée à la maison pour m'avoir appris à parler avec les oiseaux.

J'avais dormi dans des endroits bien différents durant ma vie. J'étais passé du chemin de terre, au lit du fermier, au palais royal. J'étais quelqu'un qui pouvait s'adapter avec facilité à toutes les situations. Je n'exprimais que rarement mon mécontentement.

« Vous savez j'ai dormi à même le sol pendant de long voyage. Même un petit bout de pont me suffirait. »

Je lui souriais. J'avais peut être l'air d'un homme qui prenait soin de lui ou qui n'avait pas l'habitude de dormir dehors mais c'était tout l'inverse. Je reconnaissais par contre aisément que les apparences étaient souvent trompeuses et encore plus me concernant. Elle me demanda des explications sur la magie de notre monde. C'était difficile de l'expliquer mais j'allais faire de mon mieux.

« En fait la magie que nous utilisons est sensiblement la même sauf que les gromlins la pervertit. L'ancienne religion qu'imposait le dieu Torak était malsaine et les gromlins l'ont poussée à l'extrême. Voilà pourquoi vous pouvez sentir une différence... »

Oui arracher des cœurs humains pour les offrir à Torak n'était pas la forme la plus saine pour pratiquer la religion. Nous avions lutté pendant longtemps pour sauver le monde de l'influence néfaste de Torak. C'est pourquoi nous ne voulions pas que tout recommence. C'est pourquoi nous continuons toujours à nous battre pour notre liberté.

« Parce qu'ils sont sans scrupules. Ils ne veulent que la victoire et surtout ils ne souhaitent que la destruction. »

C'était étrange. Je détestais me dire que nous pouvions perdre notre liberté ou pire que le monde sombre une nouvelle fois dans une guerre sans fin.

« Je ne le parle pas aussi bien que mon épouse mais oui les oiseaux communiquent avec moi... Même si je préfère les loups comme le reste de ma famille. »

Oui j'étais plus comme le loup. Solitaire par certains aspects et aussi incapable de vivre sans une famille autour de soi. Je regardais au loin l'océan me perdant un peu dans mes pensées, me demandant combien de temps encore je devrais me battre avant d'avoir une vie normale.

J'acquiesçais. Je ne pouvais pas l'obliger à me faire dormir sur le pont mais au moins elle avait toutes les cartes en main. Elle savait qu'elle pouvait me faire dormir sur le pont si elle le voulait.

« C'est vous la capitaine. Mais vous savez qu'en cas de besoin ça ne me gêne pas. »

Je lui souriais. De toutes les façons, elle était maître à bord et comme je lui avais déjà dit je lui obéirais.

« Si j'arrive à maintenir un maximum le bouclier ça ira. De toutes les façons, ils ne sont pas doués. Je les entendrai à des kilomètres à la ronde. »

Oh oui les gromlins faisaient énormément de bruit. Je ne pouvais pas passer à côté d'eux.

« Je n'ai pas peur des loups non. Ma belle-mère était une louve. Une vraie louve. Elle est tombée amoureuse de mon beau-père Belgarath qui était humain. Elle a réussi à apprendre la magie par je ne sais quel moyen et elle s'est présentée à lui sous la forme d'une magnifique jeune femme aux cheveux et yeux dorés. Poledra, ma belle-mère, a eu deux enfants avec mon beau-père. L'une de ces enfants est ma femme Polgara. »

Elle allait sûrement trouver cette histoire étrange mais c'était l'histoire de ma famille. Au début j'avais trouvé ça contre nature puis en y réfléchissant j'avais trouvé cette histoire très belle. Et puis si je disais un jour à Pol que j'avais été choqué par l'histoire elle me traiterait de grand débile et je ne voulais surtout pas que ça arrive.

« Je pense bien les connaître. Ils sont loyaux, fidèles, courageux et aussi très forts. Je sais qu'ils ne répondent qu'aux provocations qu'on leur fait. »

J'aimais beaucoup les loups. Je m'entendais bien avec eux. Je n'avais pas un lien aussi particulier avec eux que Belgarath ou Poledra mais je les aimais beaucoup. Je n'avais pas peur d'eux.

Elle me questionna sur le statut de ma femme. En effet l'histoire de ma famille était assez étrange. Pour faire simple ma belle-mère était une louve qui est tombée amoureuse d'un humain mon beau-père. Comme elle comprit qu'il ne la prendrait pas comme épouse sous sa forme de louve elle a utilisé sa magie pour se transformer en femme. Polgara mon épouse était donc humaine... Enfin... moi même je ne m'étais jamais la question. Après un moment de réflexion, j'entrepris de lui répondre :

« Ma femme n'est pas une louve non... Mais elle peut se transformer en ce qu'elle veut en ce qu'elle souhaite. Cependant elle préfère la forme humaine tout comme moi. Ma belle-mère par contre elle, elle a choisi la forme humaine pour arriver à séduire mon beau-père qui avait des scrupules à s'unir avec une louve. Mais au fond sommes nous très différents ? »

C'était ça le fond de la question. Nous ne sommes pas différents. Nous avions des façons d'agir différentes, des coutumes différentes mais sinon nous étions fait pareil : de sang et d'os. Elle me délivra sa vision des choses, ce qui étira un sourire sur mon visage.

« Les loups ont également besoin de se nourrir et ils ne peuvent pas planter des légumes ou même élever leur propre bétail. Si les hommes raisonnés ainsi tout irait mieux. »

Il y avait beaucoup de craintes dans les hommes et je n'en étais pas dépourvu non plus. Je m'appuyais un peu sur les rebords du pont puis je me décidais à lâcher un peu de pression sur le bouclier. La fatigue commençait par se faire ressentir.

Il y avait de nombreux problèmes dans le mode. Déjà il y avait la magie qui était aussi belle que dangereuse. Il y avait aussi les problèmes de territoires comme par exemple au Ponant, les jeux de pouvoirs et le bien et le mal qui sont toujours en compétition. C’était étrange. Cette torture je la retrouvais dans les loups qui étaient obligés de tuer pour survivre et donc de se mettre en danger car personne n’aimait qu’on tue pour survivre. C’était pourquoi je trouvais que les loups étaient comme les hommes au fond. Enfin ce n’était pas le plus important.

« En quoi sommes-nous différents ? Les loups prennent une seule ou un seul compagnon pour la vie. Ils sont loyaux et ont des coutumes comme les hommes. Ce fut difficile au début d’accepter que ma belle-mère était une louve mais après réflexion je n’aurai pas voulu qu’elle soit autre chose. »

Non ma famille était vraiment étrange et parfaite comme elle l’était. Bien entendu quand on expliquait comme je venais de le faire on devait me prendre pour un fou mais en fait ce n’était pas du tout le cas bien au contraire. J’avais mis du temps à croire en la magie et à croire que la femme que j’aimais était une sorcière. J’avais mis encore plus de temps à vouloir apprendre à utiliser ma propre magie quand je fus ramené à la vie parce que j’avais vu ce que la magie pouvait faire et coûter et qu’elle me faisait peur.

Voyant que je commençais à fatiguer, je m’appuyais sur le bastingage du navire. Je voulais surtout éviter de m’effondrer. Anne remarqua mon état et me proposa d’aller me reposer. Je n’allais pas me faire prier.

« Bien merci à vous. N’hésitez pas si vous avez besoin. »

Je relâchais ma volonté et je sentais mon esprit s’embrumer un peu. Polgara me dirait que j’étais fou d’avoir tiré sur la corde autant mais bon je ne voulais pas qu’un seul membre de cet équipage soit blessé ou pire meurt par ma faute. Je me rendais où mon lit ou plutôt mon hamac m’attendait. Je m’allongeais dedans et je fermais les yeux tentant de m’endormir le plus rapidement possible. Ce voyage était une véritable source de stress. J’étais loin de ma famille et je devais mener une mission plus que périlleuse. L’avenir nous dirait si nous pourrions avoir une traversée plutôt tranquille ou si nous allions déjà être embêté avant même d’avoir posé un pied en Drasnie.