Je riais à sa remarque. Oui il y avait des loups volages je le savais mieux que personne. Mon beau-père en cinq milles ans de vie avait de nombreuses fois trompé ma belle-mère. Bon après il a cru qu'elle était morte pendant trois milles ans... Bon en fait, ça serait bien trop compliqué à expliquer. Ma famille était très compliquée à comprendre du coup je ne me voyais pas me lancer dans une explication surtout que la fatigue commençait par se faire sentir.

« Oh oui je le sais ! Mon beau-père a été très volage… Ma belle-mère peut être d’une patience d’ange parfois. »

Je lui souriais et je lui faisais même un clin d'oeil avant de suivre le matelot qui me conduisit à mon hamac. Je le remerciais avant d'enlever ma chemise et de m'allonger dans le hamac afin de me reposer un peu. Mon amulette trônait sur mon torse et je posais mes doigts dessus laissant mon esprit vagabonder jusqu'à mon épouse qui était loin de moi. Lorsque j'eus un peu discuter avec Polgara, je me laissais happer par un sommei qui fut réparateur bien que court.

« Monsieur la capitaine vous demande. »

Je prenais la chemise que j'avais enlevé quelques heures plus tôt et je l'enfilais en montant sur le pont pour rejoindre Anne. Je finissais de remettre ma chemise en place quand je me retrouvais à côté de la capitaine.

« Qu’est-ce qu’il se passe ? »

Je regardais au loin et je commençais par me concentrer. Il y avait quelque chose d'étrange dans l'air comme si il était devenu pesant, limite irrespirable. Je commençais par bander ma volonté pour tenter de trouver l'origine du problème mais pour le moment un peu en vain.

Anne m’avait fait appeler. Je ne la connaissais que depuis peu mais je me doutais qu’elle ne m’aurait pas réveillé juste comme ça. Elle avait surement une bonne raison de me faire remonter sur le pont et quand je vis le nuage au loin je compris immédiatement de quoi il s’agissait.
 
Les gromlins étaient déjà à mes trousses. J’aurai cru avoir un peu plus de temps mais visiblement ce n’était pas le cas. J’acquiesçais à ce qu’Anne me racontait. Je posais mes doigts sur mon amulette. Cette fois-ci je ne pourrais pas le faire tout seul.
 
« En effet... Laissez-moi faire. Vous devriez prévenir votre équipage pour qu’ils ne prennent pas peur. »
 
Je souriais à Anne avant de concentrer ma volonté tout en m’aidant du médaillon. Un bruit assourdissant ce faisait autour de moi et je savais qu’il n’y avait que moi qui l’entendait. Je fermais les yeux sous l’effort avant de les rouvrir et de faire apparaitre dans le ciel un dragon formé avec l’eau de l’océan. Je sentais mes forces s’épuiser rapidement. Il fallait que j’agisse vite. Je contrôlais le dragon pour qu’il aille vers le nuage. Je savais qu’en m’en prenant au nuage je pourrai mettre hors d’état de nuire les gromlins. Dans un dernier effort j’ajoutais de ma force puis j’appelais à l’aide mentalement.
 
Maître !
 
La présence d’Aldur se fit immédiatement sentir autour de moi mais je pus également puiser un peu dans les forces d’une sorte d’animal… Nous pûmes arriver à nos fins. Epuisé, je m’écroulais sur le pont, haletant et en sueur.
 
« Ils... Ils ne devraient... Plus nous embêter du voyage. »
 
J’avais beaucoup de mal à reprendre mon souffle. J’étais trop vieux pour ces conneries comme le dirait mon beau-père.
 
« Vous avez de la magie en vous. Je ne sais pas quoi mais vous sentez la magie vous aussi... »
 
Je ne savais pas pourquoi mais j’étais persuadé que c’était en elle que j’avais puisé des forces. Ce n’était pas très galant de puiser dans les forces d’une autre personne pour arriver à ses fins mais il fallait bien que j’arrive à arrêter les gromlins. Le dragon d’eau « rugit » une dernière fois avant de retomber dans la mer provoquant quelques vagues.

L’effort m’avait fait tomber. Je n’avais pas pour habitude d’utiliser autant mes capacités. Je suffoquais presque sur le pont mais je me relevais quand Anne me le demanda. Je ferais mes yeux en prenant de grandes inspirations. J’avais vu ce que ça pouvait faire quand on forçait trop avec la magie. Le problème était que je n’avais pas mon épouse pour me soigner si j’étais s le point de mourir. Je souriais à Anne.
 
« Je l'espère aussi vivement Anne. »
 
Oui parce que je ne me remettrais pas d’une deuxième confrontation de la sorte. Mon maître m’avait déjà aidé et il avait D autres choses à faire que d’aider un de ses disciples toutes les deux minutes. Anne me demanda si c’était moi qui avait puisé en elle.
 
« Oui c'est bien moi. Je suis navré il fallait que je gagne un peu de temps avant que mon maître ne m'aide. »
 
Je lui adressais un sourire désolé. En même temps elle m’avait permis de gagner un peu de temps. Elle m’avoua se changer en louve et un sourire étira mon visage.
 
« Vous vous changez donc en louve... »
 
Je n’arrivais même pas à faire une phrase correcte. Dans ma tête j’avais des milliers de questions à poser mais je ne pouvais rien formuler. Je ne dis que suivre les instructions de Anne et je me retrouvais une nouvelle fois dans son bureau. Elle me proposa un verre et franchement ce n’était pas de refus au contraire.
 
« Ce n'est pas de refus. »
 
Je prenais le verre mais je prenais garde à boire lentement. Mon corps était endolori et ce n’était pas le moment de faire une fausse route.
 
« Est-ce une volonté de votre part ?... Je veux dire votre transformation en louve. »
 
Maintenant que mon esprit commence à s’apaiser et à retrouver sa cohérence je pouvais lui poser des questions.

Je souriais à la jeune femme. Elle était impressionnante. Jamais je n’aurai cru tomber sur une femme comme elle durant mon voyage et comme je connaissais bien les mers qui nous entouraient, je savais pertinemment que le trajet touchait à sa fin. Anne me demanda comment mon maitre pouvait m’aider. Je comprenais le sens de sa question et je tâchais une nouvelle fois d’y répondre avec exactitude.

« Mon maître est un des Dieux de ce monde. Il est beaucoup plus puissant que tous les sorciers de cette terre. Mais avant toute chose Aldur est un dieu aimant et il a senti que je commençais à trop puiser dans mes forces. Si j’avais continué seul, je serai mort. Il m’a donné de sa puissance pour arriver à repousser notre ennemi. »

J’étais puissant mais pas autant qu’un dieu. Je n’en n’étais pas un. J’entendis un rire dans ma tête. C’était étrange. J’aurai voulu me focaliser sur ce rire mais ce qu’Anne me racontait était vraiment…

« C’est fascinant. »

Oui c’était bien le mot. Elle était une louve de naissance. Un peu comme ma belle-mère. Poledra était une louve mais elle avait des capacités magiques et quand mon beau-père lui dit qu’il ne la prendrait jamais pour épouse sous sa forme de louve elle se changea. C’était l’inverse pour Anne mais du coup je me sentais plus proche d’elle.

« C’est en renaissant que j’ai obtenu mes pouvoirs. C’est mon maître que vous avez senti tout à l’heure qui me les a confié. D’après lui je devrais en faire bon usage. »

Je n’étais toujours pas convaincu de la véracité des propos de mon maître mais j’étais là et je devais aider le monde c’était la mission et je l’accomplissais avec plaisir. Bientôt on vient nous chercher pour nous dire que nous arrivions à destination. Je me dépêchais de récupérer mes affaires et je fis mes adieux à la capitaine.

« Merci pour le voyage Capitaine Anne. J’espère que nous nous reverrons. Oh et voici votre argent. »
Tu la reverras Durnik. En temps voulu.

Je secouais ma tête. C’était la seconde fois que j’avais cette voix dans la tête me donna des indices sur une chose que je ne pouvais pas concevoir à l’époque : une nouvelle prophétie dont je serai l’acteur principal.