Je n'étais pas d'humeur à me mêler aux autres. Je n'étais pas d'humeur à discuter avec les gens présents qui tentaient de comprendre X ou Y chose sur ce déplacement et ce carton d'invitation. Je me contentais de fumer dans mon coin jusqu'à ce qu'une voix m'interpelle. C'était ... C'était ... Lexie ! Je relevais la tête et je descendais mon capuchon pour la regarder dans les yeux.

- Lexie ... Je n'en ai aucune idée ma belle. Viens ici...

Je laissais Lexie servir les gens et je n'en ajoutais pas plus. Je restais dans mon coin avec ma petite amie près de moi. Le trajet me semblait interminable. J'analysais le comportement des uns et des autres avant de finalement sortir pour regarder autour. Mon regard se posait sur Bobby à qui je faisais un signe de tête. Nous serions donc des personnages de conte de fées ? Je trouvais cette idée étrange, mais en même temps un peu ... Réelle. J'avais des habiletés vraiment particulières. La preuve étant lorsque nous avions arrêté ce type sur le bateau. Je semblais connaître chaque engrenage et ce genre de truc. C'était vraiment étrange. Je passais un bras autour des épaules de cette femme qui faisait battre mon coeur et je la serrais contre moi. Un baiser sur le dessus de sa tête avec douceur.

- Je crois qu'on devrait le tenter. Dans le pire, ça ne sera qu'une mauvaise blague hein ?

Un peu rêveur sans doute. Je posais une main sous son menton et je révélais sa tête pour venir joindre mes lèvres aux siennes dans un doux baiser.

- Aller. Je t'aime Lexie.

Je la lâchais et je marchais à reculons sans la lâcher du regard en franchissant la ligne rouge. Amoureux de cette brune que j'avais croisé dans Central Park et que j'avais heurté de plein fouet. J'oubliais toujours le reste quand elle était dans les parages. J'espérais que les choses se passeraient bien. Au fond de moi, j'espérais que c'était vrai. Je voulais savoir qui j'étais. Je voulais savoir d'où provenaient cette sorte de don et cette rage que j'avais en moi. Cette haine et cette douleur que je cultivais. Bon ou mauvais personnage de conte ? Difficile à dire. J'étais qui j'étais au final. Peut-être un peu à cheval entre les deux. Le fils de la méchante reine et de Robin des bois. Un hybride teinté de gris dans toute sa splendeur. J'espérais que ma douce Lexie tenterait le coup avec moi. Nous n'avions rien à perdre sinon un bon fou rire et je pourrais narguer Bobby un peu non ? C'était un sport que j'aimais bien en fait.

Elisa était totalement paumée, elle entendait mel brouhaha des commentaires des uns et des autres, elle avait vu la terrifiante directrice de l’aquarium s’adresser à sa collègue Aria qui semblait furax avant de disparaître, et la rouquine semblait prête à suite son nouveau chéri dans ce délire de ligne rouge.
Lors que la patineuse reposa son regard sur Mery, la seule dont l’avis comptait vraiment, la cochère semblait tout aussi désemparée qu’elle, mais ses paroles la touchèrent.

- Tes… sentiments… pour moi ?

La blondinette sentit son coeur se serrer comme jamais et battre la chamade. Tout ce qu’elle savait, c’était qu’elle tenait à Mery comme elle n’avait jamais tenu à personne auparavant.

- Mery je t’…

Elle ne put guère continuer car sa belle flamboyante s’élança à la poursuite de son cousin.

- Mery ! Je te cherche ! Où es-tu ?

Elle avait disparu derrière cette brume opaque. Tétanisée, Elisa regardait autour d’elle, ne sachant que faire. Elle ne voulait plus partir ni s’élancer vers l’inconnu, surtout pour se retrouver potentiellement dans un autre monde… Mais Mery… Mery lui manquait déjà, elle voulait lui dire qu’elle aussi avait des sentiments, qu’ils étaient bien réels, peu importe ce que prétendait cette Emma.
La danseuse vit même son boss y aller. Si même ce taré qui se prenait un peu trop au sérieux y allait, elle ausso devrait trouver le courage de tenter l’aventure et peut-être s’y perdre. Elle avança donc, d’un pas peu assuré, avant de finalement courir à petite foulée pour franchir la ligne.
La brume semblait irréelle, pleine de couleurs totalement improbable une fois qu’on était à l’intérieur, et Elisa appela le nom de celle qui lui faisait vivre tant d’émotions, cherchant à tout prix à la retrouver, mais elle ne voyait rien pour l’instant et la tête lui tournait.

Personne n’avait l’air de croire Emma. De croire en la magie. Visages soucieux qui reflétaient leur état d’esprit. Henry ne pouvait pas les blâmer. Si la situation était inversée, il n’était pas certain qu’il aurait fait confiance à une parfaite inconnue. Il ne serait probablement même pas monté dans la limousine non plus. Le voilà donc à attendre que chacun prenne sa décision. Partir ou choisir l’inconnu?

L’adolescent se tenait à l’écart des conversations, toujours à la même place, à côté du panneau. Celui-ci avait vieilli et était abimé, pas entretenu. Le brun s’y revoyait deux ans en arrière, alors qu’il s’était réveillé dans les bois, seul, et que la ville avait disparu. Il aurait voulu intervenir et les convaincre à son tour; il n’était pas sûr que ça aurait servi à grand chose.

Mme Seablack, l’une des deux investigatrices responsables  de leur retour à Storybrooke, passa la frontière de la ville. Elle disparut aussitôt. Le gamin fronça les sourcils, pensif. Traverser la ligne rouge marquée au sol n’avait jamais fait cet effet auparavant. C’était peut-être normal vu qu’ils brisaient une malédiction. Même s’il avait vu fonctionner la magie maintes et maintes fois, elle lui était toujours aussi inconnue.

Lina fut la seconde. Henry lui adressa un sourire avant qu’elle ne se volatilise. Pas certain qu’elle l’ai vu, apparemment en colère contre Régina. Cette dernière les interpella aussitôt, inquiète pour sa fille.

“Où est passée ma fille ? Dites-le moi !
- Elle est rentrée” dit-il simplement en indiquant la ligne “Roni, fais-moi confiance, elle est en sécurité.”

D’autres passèrent la frontière. Il put voir, rassuré, ses grands-parents, son oncle et Bobby, rentrer dans leur chère ville. A présent qu’ils ne restaient plus vraiment grand-monde, même Emma était déjà partie, c’était à leur tour non?

“On y va ? lança-t-il à CJ, souriant.
- On se retrouve de l’autre côté, affirma-t-elle”

Il la regarda disparaître et se tourna vers Régina en lui tendant la main.

“Je te promets que tout sera plus clair quand tu passeras la ligne. Fais-moi confiance.”

Henry espérait qu’elle le croit. A New-York, ils étaient partis sur de bonnes bases, même s'il ne lui avait pas tout dit… Il marcha en arrière, vers la ville, toujours la main tendue vers sa mère. Si elle la prit ou non, le gamin ne savait pas. Il avait déjà passé la ligne.  

J’étais partagée entre l’angoisse de cette situation ultra bizarre qui se passait, et la joie d’entendre Sebastien dire qu’il démissionnait de l’aquarium. c’était inespéré ! Mais je restais malgré tout un peu stressée de voir que plusieurs limousines avaient débarqué l’équivalent d’un petit village devant la frontière de cette ville qui avait tout l’air d’une ville fantôme au vu du panneau… Sabs compter les propos d’illuminés que tenaient les gens… Entre cette Emma Swan et l’odieuse boss de Sebastien, sans parler du mec qui nous avait rejoint dans la limousine et qui venait de confirmer être son père… J’avais l’écaillomètre à zéro, carrément !
Je gardais désormais mon regard braqué dans celui de Sebastien, la seule chose qui me rassurait était sa présence, mais Uma me répondit et ses propos sonnèrent comme familiers à mes oreilles. Je la vie ensuite partir vers cette ligne, elle l’avait franchie la première. J’étais bouche bée.

- C’est comme ça qu’elle pense s’en sortir ? En prenant la fuite… Lâche…

Et mon boss était odieux, comme toujours... j'avais moi aussi une furieuse envie de démissionner. Pourquoi ne pas tenter quelque chose de nouveau avec mon amoureux ? Je regardais de nouveau Sebastien. Il avait raison, il fallait qu’on se tire d’ici. Après tout, pourquoi ne pas tenter le coup de la ligne, si ça se trouvait, même si c’était une blague débile, au moins on passerait un bon moment ? j’étais si fatiguée que je ne savais plus quoi penser. Ma main dans celle de cet homme dont j’ »tais tombée amoureuse quasiment au premier regard, et voyant que de plus en plus de gens se décidaient, je nous entraînais vers la ligne.

- On y va ?

Attendant son consentement, je franchis en même temps que lui la ligne. Je me retrouvai soudain dans un brouillard épais et coloré, mes cheveux virevoltaient dans tous les sens, et malheureusement, à un moment, je ne sentis plus sa main dans la mienne.

- Sebastien !!!

 Là, plus rien n’allait. Ma fille venait de s’engouffrer dans l’inconnue, en plus en étant furieuse contre moi. Je ne la voyais plus et ne l’entendais plus. Sur le coup, le fait que Bobby ait appris la vérité était le cadet de mes soucis, je voulais savoir où était passée ma Lynaya. Bobby semblait aussi s’inquiéter et posait des questions, et je le vis, n’ayant pas de réponse concrète, s’élancer à sa suite, ce qui me rassura. Je ne voulais pas que ma petite fille de vingt ans disparaisse dans cet brouillard qui semblait dangereux et de plus en plus épais. Je vis alors Henry me tendre ma main en m’assurant qu’elle était en sécurité. Mon coeur était serré et battait fort. Je doutais beaucoup et je m’approchai de cette ligne, mais j’avais envie de faire confiance à ce gamin. Je voulus attraper sa main pour le suivre mais je ne sais pas si j’y étais parvenue… J’étais dans le brouillard.
Une fois à l’intérieur, j’avais beau appeler, hurler le nom de ma fille, je n’entendais aucune réponse, je n’entendais même pas mes propres cris. Je tentais d’appeler Bobby aussi, mais aucune réponse. J’étais angoissée à l’idée qu’il leur arrive quelque chose, et soudain, mon angoisse se décupla, je m’inquiétais aussi pour Henry, CJ, et même Dean ?